25/05/2008
Tulipe la Noiraude
Les poètes ne disent mots d'amour
à travers des murs absents à la vie.
Ils signent sur le papier de la mer d'Italie
des bouteilles remplies du vin des troubadours
dérobé aux yeux des jeunes courtisanes,
chattes persanes et tigresses du Bengale,
allumant leurs ventres au visage tendu du feu oriental.
Et puis va mon soleil dans leurs vagues océanes!
Ô revenez charmes en fraude
que cette jeunesse en moi réveilla
aux chants de Tulipe la Noiraude.
Et buvons de la tequila à sa voix d'angora.
Tulipe la Noiraude,
au fond de sa mine de soufre et d'argile,
a inventé une voix en mer d'émeraude
et d'améthyste pour les bonheurs fragiles.
Vagabondes tendresses alanguies
sur ses canapés pourpres et roses,
aux heures chaudes de la nuit
elle porte sa guitare comme une enfant Prose
conçu avec son beau chevalier de la lyre.
Elle saute les barricades de Paris
et le temps qui nous sépare d'elles s'étire
à travers quarante années d'oubli.
Nos amours volent tous en éclats
dans ce monde en état d'ébriété
sauf son sourire baccara
qui éclate en pétales de sensualité.
Tulipe la Noiraude,
échappée de ses montagnes magiques,
invente des chansons qui rimbaudent
dans notre discrète pinte à musique.
Il y a les peintres, Vincent, Flo et ses musiciens,
de quoi faire un joyeux potin d'artistes.
Et puis les écrivains, Jojo et les siens,
de quoi inspirer les voyous et unijambistes.
Qui monte en vieille ville grimpe à Montmartre
dans ces coulantes rues pavenées delémontaises.
On en jette sur les vitrines des Gainsbourg et Sartre
Et on déroule la plage brûlante de notre javanaise
partie à l'assaut des tentures des bourgeoises
s'endormant sur leurs lits clos de paresse.
Elle, elle chante des choses légères et grivoises,
la petite Joan Baez à la guitare bien en fesses.
Mais Tulipe la Noiraude,
qui fusionne ses mots rouges à ses lèvres d'empire,
Exprime son grand cœur blessé qui rôde
dans l'espace de nos vies qu'elle inspire.
Sautez les barricades ô braves gens!
Montez sur les estrades ô filles des bas quartiers!
Une étoile est née au pays libre des gitans.
Réservez votre table chez le tenancier.
Le vin viendra rouler tambour battant sous le lit.
Dans l'oreille, vous reprendrez sa chanson
et à travers vos chuchotements polissons
vous vivrez le sublime millésime 68-08 interdit.
Bondissez de vos plumes alertes
et sonnez l'alarme, sottes gens!
Il est temps de vivre d'amours et baguettes
avant la mort de vos corps indigents.
Je décrète la mort de l'argent cynique
et l'heureuse naissance érotique de Tulipe.
C'est la révolution en permanence
et dans sa semence nos jouissances.
Et maintenant place à Tulipe la Noiraude
descendue du Val d'Aoste.
La Trapani a de l'avenir devant nous.
N'oubliez jamais son métissage frivole exercé à Delémont.
P.S. mon arrière grand-père est originaire du Val-d'Aoste. Il s'est naturalisé Suisse. Aujourd'hui, je serais peut-être encore Italien si l'UDC avait existé en ce temps-là… Alors, ma petite sœur, tous les deux on porte le drapeau du sang des résistants.
20:05 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) |
Les commentaires sont fermés.