10/05/2017
C'est le riche qui fait le pauvre, hommage à James Baldwin
Ne me regarde pas!
Si tu as honte de me regarder.
Ne me touche pas!
Si l'horreur te fait peur.
Ne jette pas ta haine à mes yeux!
si ta haine froide et mortelle
est l'expression de ta peur,
le vide immense
que tu crées entre toi et moi,
le vide de ton intérieur cosy
qui rime avec nazi.
Ne fais pas semblant
d'être de toutes les nations
si tous les peuples du monde
ne sont pas égaux devant ta loi.
N'usurpe pas le titre de démocrate
si ta démocratie montre sa démoniaque ségrégation
entre riches et pauvres de toutes les couleurs,
cachée derrière tes miradors,
dans un cocon,
entre piscines, spa,
wellness, jacuzzi,
beautiful people,
bulles de champagne à minuit
et caviar à midi.
Ne me parle pas
sur ce ton supérieur et imbu
en me disant que toi tu serais riche
parce que tu le mérites
et que moi je serais clochard,
SDF ou marginal
parce que je le mérite aussi.
Chacun chez soi
et les esclaves seront bien gardés!
Chacun chez soi
et les filles du trottoir seront bien sautées!
Chacun chez soi
et les cadavres de vos guerres
se compteront en millions de fantômes
morts sans identité, sans droit d'exister,
oubliés par votre Histoire
qui ne compte pas les génocides d'enfants,
morts de faim,
les peuples détruits par vos guerres de pouvoir
morts pour rien,
tandis que vous, vous vous baignez
dans vos piscines de mer
avec vos putes et vos mignons,
tous et toutes plus beaux
les uns que les autres.
Et si je jetais le sang
des innocents dans vos eaux?
Et si je vous montrais votre horreur
sur écran géant
lors de vos projections de porno
où s'éclatent filles et garçons
qui ne font pas la révolution
mais se grisent à la fornication?
Vos rires ont le son des vampires.
Vos regards ont le reflet de la mort.
ça pue le cadavre et la hyène,
la charogne et le vautour,
dans vos villas cossues,
vos paradis artificiels
qui n'ont pas le goût des révolutions
ni la puissance des poètes
mais qui ont, hélas,
le goût et la puissance de la race aryenne.
Mais vous ne le savez pas.
Mais vous ne l'entendez pas.
Mais vous ne voulez rien savoir
parce que savoir vous obligerait alors
à la révolution
pour reconnaître à vos mots
les définitions de vos mots
démocratie
liberté,
égalité,
fraternité
que vous usez à satiété
sans reconnaître
la responsabilité qu'ils recouvrent.
Je suis le Sioux
mort pour que tu existes.
Je suis l'Indien
disparu puis revenu.
Je suis de leurs tribus anciennes
et j'attends de toi
la révolution.
C'est peu mais c'est beaucoup
parce qu'alors le monde changera
du tout au tout.
"Il chantait pour Crunch,
pour protéger Crunch
et le faire revenir,
et il chantait pour moi,
pour me protéger et me faire revenir :
il chantait pour sauvegarder l'univers.
Et dans sa voix pénétra
alors une douceur solitaire
d'une telle puissance d'émotion
que les gens en demeuraient pétrifiés,
métamorphosés :
il chantait leur amour et leur inquiétude,
il chantait leur espoir.
Avec son chant,
il se confessait au public
au pied du trône de la miséricorde et,
tandis que sa voix s'élevait,
il se savait racheté,
aux mains d'un pouvoir plus grand
qu'aucun sur terre.
Son amour fut sa confession,
son témoignage, son cantique."
James Baldwin, Harlem Quartet.
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