19/06/2017
Tarte aux pommes ( JUST)
Tarte à pommes,
tu m'as mis KO dans les pommes.
Tarte à coings,
tu m'as mis deux poings
dans ma gueule d'ange.
J'ai payé mon entrée cinéma
et le film était brûlant,
l'acteur un peu vieux et assez con,
un peu débauché et ivre passablement.
L'actrice crevait l'écran géant
que je m'étais fabriqué
en cette soirée de cafard.
Jeune, belle, naturelle,
gracieuse, sensuelle,
parfaite pour tenir le rôle
et pour accompagner ce marginal.
Tarte à pommes
tu m'as mis KO dans les pommes.
Tarte à coings
Tu m'as mis deux poings
dans ma gueule d'ange.
Le film commençait
par cette scène d'un clodo
égaré dans un bar,
une sorte d'ange céleste
dont les filles perdues raffolent,
une sorte de gars
qui sait faire miroiter les étoiles
direction l'amour romantique
qui n'existe plus dans la réalité,
cet amour perdu dans la nuit des temps
à force du rachat des adultères
et de la toute puissance financière.
Il était là assis sur son tabouret
quand elle est apparue
belle comme le fruit défendu
dans la sainte Bible.
Leurs regards se sont croisés,
leurs mains se sont touchées,
il n'y avait plus qu'à payer
le prix du ticket du voyage
pour s'envoyer dans les nuages
au coeur de ce cinéma privé.
Tarte à pommes
tu m'as mis KO dans les pommes.
Tarte à coings
Tu m'as mis deux poings
dans ma gueule d'ange.
Sur l'écran de cinéma
passent en boucle
tous ces petits moments
de bonheur à deux
volés au sinistre de la vie,
de cette solitude noire
pareille à un vol de corbeaux
au-dessus d'un cadavre
accompagnant le corbillard
d'un homme et d'une femme
qui ont égaré leur vraie vie.
Tarte à pommes
tu m'as mis KO dans les pommes.
Tarte à coings
Tu m'as mis deux poings
dans ma gueule d'ange.
Je voulais rester dans ton film
en le sortant de la scène de cinéma.
Je voulais t'emporter à la maison
dans ma vraie vie
pour chauffer nos pâles existences glacées
par la solitude et notre vie à la marge,
faire de ce rêve immense
la réalité permanente de nos deux vies
faire de nous deux des amoureux
qui s'aiment au grand jour
bravant la face honteuse
de leur monde cynique et glauque.
Je voulais faire de toi
le départ de ma nouvelle vie
et la femme idéale de mon existence.
Je voulais réaliser ce rêve géant
diffusé sur cet écran géant.
Un petit pas pour la femme
un pas de mutant pour l'homme.
J'avais ni la thune ni obtenu la lune
ni la chance à la vie
ni même la promesse d'alunir sur ta lune
chaque nuit sur le lit nuptial.
Et tu n'avais ni le goût du risque
ni celui de sortir de ton rôle d'actrice.
Tu voulais bien faire durer le film,
prolonger la durée du supplice,
multiplier les promesses d'amour,
changer le décor de ton studio,
remplacer sur le mur de ton studio
ce jaune dégueu en rouge vif.
Tu voulais bien, pour ce clodo poète,
découper au canif
le contrat pro qui te liait à ton job
et lui faire miroiter le grand amour
faire croire au passage
que les cocus sont aimés
aussi bien que les hommes privilèges.
Ce serait donc un sacrilège
de te faire toujours l'amour
dans ces conditions de perdition
que nous nous sommes obligés de vivre.
Ce serait donc oublier le respect
de l'amour que nous nous portons
de continuer ce film X,
de ne pas nous abandonner enfin
à l'amour qui nous lie
malgré cette situation paradoxale,
malgré le mur psychologique,
malgré ta résistance farouche,
malgré le film dont le spectateur
s'est fait l'illusion durant longtemps.
Mais le cinéma X
sans notre cinéma X
à nous deux
je n'en veux pas
avec une autre.
Parce que c'est de l'amour
et pas du cinéma.
Justement.
Je vais sortir de ce cinéma maudit.
Si tu me suis un jour dans la rue,
alors je saurai que l'amour a transformé
une actrice de film porno
en une amoureuse accro
d'un poète et d'un homme,
et que tu es devenue
la femme de ma vie.
Je saurai aussi que le cinéma
peut créer des histoires d'amour réelles
plus belles que la fiction
et vraiment extraordinaires.
Et sinon,
je resterai perdu dans mon rêve
en poursuivant mon chemin
au coin de ce bar
où je t'ai connue
et qui mènera à la destruction
le clodo cosmique, l'exclu sismique,
l'idiot systématique
d'un monde extatique et orgasmique.
Tarte à pommes
tu m'as mis KO dans les pommes.
Tarte à coings
Tu m'as mis deux poings
dans ma gueule d'ange.
P.S. Tarte à Coing et Tarte à Pomme sont deux enfants innocents, un garçon et une fille qui hantent l'imaginaire de mes propres enfants. Ils sont les acteurs des histoires de garnements que je leurs racontais quand ils étaient petits. Ils sont aussi les enfants qui sont en image sur la boîte de chocolat suisse que tu as reçue hier dans notre cinéma porno. A toi de me dire si nous sortons de ce film X ensemble et que nous monterons prochainement une société d'amour romantique à responsabilité partagée (SARRP).
Pour l'exclusivité de l'usage du nom , la société devra nous verser un million de dollars, bébé. Une rançon réclamée pour son abandon et son trop long silence envers le poète et l'actrice de cinéma.
Afin que notre rêve puisse continuer dans la vraie vie...
Afin que notre amour puisse triompher de la mort;
que l'amour romantique puisse renaître de ses cendres
en ce monde voué au Capital et au Veau d'Or.
Un million de dollars, bébé. C'est la mise en vente de ce site
pour mon coeur mis à nu
et c'est aussi le prix pour faire de moi une prostituée
de la littérature.
C'est enfin le prix pour que notre amour puisse vivre
et perdurer dans le temps de notre réalité hors de ton cinéma X
offert aux hommes de passage.
"C'est l'amour qui donne tout.
C'est la prostitution qui nous reprend tout."
"JUST" "De si peu" en français, un film inédit sur notre vie de cinéma.
15:02 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Les commentaires sont fermés.