04/08/2017
Girllands
Si Dieu m'avait dit un jour
que je devrais attendre
près de 60 ans
pour trouver le grand bonheur
de l'amour
et que je le trouverais
dans un boxon
au coin d'un bar latino
je lui aurais répondu
qu'il était trop bon avec moi
et qu'il m'offrait
le plus beau cadeau
d'anniversaire
de toute une vie
en plus de mes enfants.
Tu es ma Girllands, Sara.
Tu es ma Girllands, Cristina.
Tu es celle
qui me fait imaginer
que jamais on ne devient vieux
si on sait reproduire ses rêves adolescents
sur les murs laids d'une existence bafouée.
Tu es celle
que me fait imaginer
que, comme Picasso,
on peut toujours rejouer au Casino
et ressortir banco
de l'amour et des enfants
même quand la meute
de créanciers te poursuit
et te pourrit la vie
en empêchant tout avenir possible.
Tu es celle
qui me redonne le soleil
alors que je vis dans une tempête
de soucis désastreux et quotidiens
qui nuisent à ma santé morale
et me bouchent le droit d'exister
en ce monde
où tout se comptabilise en dollars
sonnant et trébuchant.
Tu es celle
qui a su, du fond d'un bordel,
me redonner la lumière de l'amour
et celle, exceptionnelle,
qui saura me conduire à l'autel
des plus beaux amours du monde.
Ecoute cette musique,
écoute ce song,
il glisse sur ma peau
comme un fruit goûteux
pareil à tes baisers et tes sourires.
Ecoute cette musique,
écoute ce song,
c'est l'appel à la prière
de l'amour entre toi et moi,
c'est notre champ d'août
et nos batailles orientales
dans les blés mûrs.
Toi, je te filme et te photographie
toute nue caméra à main nue
alors que tes parfums embaument
l'air et réjouissent mon odorat.
Tu mords dans une pêche de vigne,
blanche dehors rouge sanguine dedans,
et tes yeux sont des hameçons
où mon curaçao
se transforme en poisson de ligne
en gobant ton sein nu
et mon polisson
se mue en fiévreux conquistador
devant tes merveilleux appâts.
Girllands,
garde-moi prisonnier
de tes terres de charmes.
Girllands,
garde-moi ton bien-aimé
dans ta vallée des rires.
Girllands,
garde-moi près de toi
sur ton Mont de Vénus.
Nous arrivons aujourd'hui presque
au sommet du Mont-Rose
et mon sexe, presque dantesque et pittoresque,
a pris la pointe de ton four en forme d'apothéose.
Nous arrivons presque au sommet
de notre quête d'amour
mais s'il te plaît
ne redescendons jamais
sur le versant du désamour.
Nous resterons number one
comme dans un classement ATP of Love
ou Mirka et Roger
jouent nos top-models de l'amour.
Girllands,
nous éviterons tous les pièges
et nous nous jetterons
tous pleins de sortilèges
pour rester fidèle l'un à l'autre.
Girllands,
nous nous mangerons des yeux
toute la vie
pour que les femmes et les hommes
ne puissent pas détourner nos yeux
vers eux
en créant des étincelles
et en cassant notre citadelle
que nous construisons
jour après jour.
Girllands,
nos corps feront à la folie l'amour
pour éviter la famine charnelle
qui conduit vers les agapes maudites
et nos corps formeront leurs vagues
protectrices, sensuelles, et visuelles
si hautes que les vagues d'Australie
et si prodigieuses que
les femmes et les hommes
n'oublieront jamais qu'ils s'attaquent
à plus fort que la traîtrise amoureuse
et que notre surf restera inviolable
pour la vie aussi longtemps
que nos vagues ne retomberons pas
dans la vulgarité d'un amour bafoué.
Girllands,
il n'y aura jamais d'humiliation
entre toi et moi
car nous nous dirons les mots justes,
les mots qui font du bien
quand nos corps s'enlacent,
se prélassent au palace de nos luxures;
les mots qui disent le mal de nous aussi
quand nous ressentirons l'éloignement,
ou la distance, ou l'absence.
Girllands,
il n'y aura que des illuminations
entre toi et moi.
Comme dans les poèmes d'Arthur Rimbaud,
je me rappellerai à jamais
de notre première aventure
au coin de notre bar.
Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,
Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud, Au Cabaret-Vert
LUI. - Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein ? nous irions,
Ayant de l'air plein la narine,
Aux frais rayons
Du bon matin bleu, qui vous baigne
Du vin de jour ?...
Quand tout le bois frissonnant saigne
Muet d'amour
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs :
Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir
Rosant à l'air ce bleu qui cerne
Ton grand oeil noir
Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou :
Riant à moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais.
Comme cela, - la belle tresse,
Oh ! - qui boirais
Ton goût de framboise et de fraise,
Ô chair de fleur !
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur,
(...)
Tu viendras, tu viendras, je t'aime !
Ce sera beau.
Tu viendras, n'est-ce pas, et même...
ELLE. - Et mon bureau ?
Arthur Rimbaud, Les réparties de Nina
LUI. - Ce soir, je viendrai, je viendrai.
Ce sera beau.
Et même nous ferons l'amour gai
sur ton bureau.
Le Poète de Sara et Cristina
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