29/08/2017
L'arrêt de bus
Pour la première fois,
tu m'as dit
Je t'aime dans la rue
en attrapant ton bus,
en m'attrapant le cou,
et en m'attrapant le coeur
dans un tourbillon de bonheur.
Et pour la première fois,
tu as investi
cet appartement
qui est tiens
et pas celui
dont les hommes
franchissent le pas
pour te demander un service,
une prestation, une violation
de ton espace intime
qui me fait penser intimement
au Titien
peignant sa Vénus d'Urbino
et cette pudeur de la main gauche
posée sur son sexe
déclarant sa pureté et son innocence
aux hommes qui l'ont désignée impure,
infidèle, frivole, et libertine.
Ni courtisane ni mariée,
tu fais valser les clichés
et tu les brises avec fracas
comme une éléphante
dans un magasin de porcelaines
maniérées et très précieuses
aux yeux des bourgeois décatis
et leur sens perverti
de l'amour et du sexe.
Tu es libre de ton corps,
libre, libre, libre,
libre comme un papillon voltigeur,
libre de ton coeur, de ton esprit,
merveilleusement
naturelle, élégante,
précise, voluptueuse,
en gravissant le Mont Amour.
Plus je te regarde t'animer
plus il me semble
que j'en tremble
et plus j'en tremble
plus mes mots bouleversent
la façon poétique
dont je pénètre ton corps.
Une nouvelle façon de s'aimer
sans chaîne mais qui déchaîne
mes sentiments amoureux
exacerbés par cette attente
d'une rencontre à jamais
unique et fabuleuse avec toi
et cette crainte effrayante
de toutes ces mains pourtant
qui te touchent
par attouchement,
de toutes ces bouches gourmandes,
étrangères et inconnues,
qui t'effleurent la peau et les seins,
de tous ces sexes
qui investissent ton sexe,
se servant de ton lumineux visage
alors que dix minutes avant,
à peine,
leurs visages crasseux ne t'auraient
pas saluer dans la rue,
alors que dix minutes avant
ils ne convoitaient encore que la fille
de leurs fantasmes passagers
et de leurs désirs clandestins
plus ou moins pervers,
plus ou moins normaux,
plus ou moins libidineux,
plus ou moins glauques,
plus ou moins dans la norme
de ce monde cynique et difforme.
Je n'aurai jamais fini
de t'aimer, Sara.
Je n'aurai jamais fini
d'aller au bout de notre amour
avec toi, Sara.
Tu es ma Vénus d'Oranus
Bella Sara,
Bella,
Bella,
Bellissima.
Et toi seule
peut changer la face de l'Amour
dans ce monde
qui a caché ta lune
pour mieux l'exploiter
de façon à satisfaire
l'homme et son pouvoir financier,
l'homme et ses caprices,
l'homme et ses vices,
l'homme qui veut
toujours une salope, une putain,
une michetonne, une cochonne,
une vicieuse, une licencieuse
dans son lit de débauche
et une sainte, une nourrice,
une mère, une vertueuse,
une vitrine religieuse
dans son lit de bourgeois
de la Droite ou de la Gauche,
de la Chrétienté ou de l'Islam.
A nous deux,
nous allons changer la face de la lune
et rendre au monde son soleil et sa lumière,
sa beauté et son mystère.
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