18/09/2017
Les vestiges de nos caves
Des sons étranges
envahissent le monde.
Des bruits de bottes
dérangent les habitudes
consommatrices et prédatrices.
Des drames collectifs
enfoncent le couteau
dans les chairs
mais les artistes continuent
leur travail d'utopiciens,
de coperniciens,
de pataphysiciens
de la pensée profonde,
de l'anarchie poétique et féconde,
de l'érotisme frénétique,
de l'amour psychédélique.
L'Humanité s'enfonce
dans sa spirale cynique
comme prisonnière définitive
de la catastrophe inéluctable
qui nous fauchera
comme les blés d'août sous les lames
d'une moissonneuse-batteuse.
Une descente aux enfers
se prépare dans les têtes.
Les coeurs sont glacés.
Les âmes sont givrées.
Les salauds préparent l'hiver nucléaire
tandis que les utopiciens
sont comme des opticiens du coeur.
Ils redonnent de la clarté
au monde des sentiments;
redonnent de l'espoir
quand il n'y a plus que désespoir;
dansent sur des musiques
de fin du monde
avec des filles et des garçons
qui recréent l'amour,
la sensualité, la quête des chairs
courant le grand amour,
la passion,
l'adolescence sauvage
des caresses à donner
d'urgence autour de soi
avant qu'il n'y ait plus rien,
avant qu'il n'y ait que le néant
autour de soi,
urgence d'amour
comme un ultime appel
à s'aimer
plutôt qu'à se haïr,
comme un ultime espoir
de réconciliation
avant la mort de tous.
Si je passe comme le croque-mort
après le faire-part de deuil
c'est que le monde
m'a fait croque-mort.
Si je passe comme un prophète
de malheur,
ne vous en prenez pas au prophète.
Prenez-vous en aux salauds
avant qu'il ne soit trop tard
au lieu de voter pour eux,
au lieu de les liker sur Facebook
et de vous abonnez à leurs chaînes
en devenant leurs esclaves
dociles et pathétiques.
Les poètes vous avertissent
à chaque minute de la situation.
Et vous en faites de la mie de pain
pour les moineaux.
Pas même un geste de gratitude.
Pas même une parole amicale.
Pas même un désir de reconnaissance.
Pas même le moindre geste de fraternité.
Les poètes peuvent crever seuls
dans leur coin,
dans la rue,
comme des SDF
qui n'ont plus rien
que leur peau sur leurs os.
Les poètes sont relégués
loin, très loin de vos coeurs,
de vos préoccupations quotidiennes,
éjectés de vos vies parfumées et aseptisées,
anéantis par votre silence
et votre indifférence.
Et vous parlez très à l'aise
de ceux qui vous poussent
du haut de la falaise,
de ceux qui sont vos Rocket Man
et qui vous jetteront bientôt
dans l'abîme et l'amer certitude
d'une bombe nucléaire
reçue en plein sur la figure.
Monde si étrange
qui donne de l'image et du son
à des criminels potentiel en liberté
qui feront des millions de victimes.
Monde si étrange
qui dissimule ses poètes
comme s'il en avait honte,
comme si c'était eux les coupables
de tout
et eux les responsables
de la perdition du monde.
Les caves seront nos ultimes refuges.
Nous serons faits comme des rats
mais nous danserons nuit et jour
pour enfanter l'Humanité
que nous aurions aimé voir naître
au grand jour
à l'heure de la Révolution romantique.
Les caves seront nos tombes.
Nous serons vitrifiés comme
les gens de Pompéï.
Mais nous aurons des positions
d'amour entre nous.
Des bouches qui se touchent,
des mains dans les mains,
des corps enlacés qui éjaculent
leurs orgasmes sous la canicule,
des sexes dans les sexes
se chevauchant comme des animaux
aux sentiments partagés,
de l'amour dans nos amours,
des mots d'amour écrits
avec notre sang sur les murs,
des filles ultimes, des garçons de la rime
qui aboliront tous leurs crimes.
Et dans mille ans,
quand les extra-terrestres
descendront sur Terre
pour refaire la Terre,
ils nous trouveront
et nous donneront en exemple
d'amour à leurs enfants.
Ainsi sont les poètes de l'Apocalypse.
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