27/09/2017
Prélude à Sara et Charlie Chaplin
Générique de notre film,
notre histoire d'amour a débuté
comme deux grandes solitudes.
Ce prélude numéro 4 de Chopin
qui tourne en boucle
sur la platine
et toi, mon ultime blonde platine,
ma femme idéale, ma douce romancie
au pays d'Einamour.
Et Charlie Chaplin
qui surplombe désormais ton lit voyageur.
Il y a quelque chose du voyeur,
de Kafka et de Prague,
du théâtre de marionnettes
sur fond de comédie désuète
qui protège ta vie de jeune femme
et tes rendez-vous galants clandestins
avec ces faux marins
venus chercher tes chants alizés
et s'échouer sur tes fonds marins.
Il y a quelque chose
qui fait mal au coeur
et qui arrache notre amour
à son idéal de fidélité,
à ces fêlures, à ces piqûres
qui sont autant de brûlures
quand ton corps frôle un autre corps
et qu'il lui offre ses splendeurs,
quand ton corps va et vient
comme un bateau ivre
planté sur le mât d'un homme
en perdition,
quand ton corps feint l'amour vrai
avec cet autre homme
et que je reste à distance
comme suspendu au fil de nos attentes
longues et douloureuses
qui rassurent pourtant nos blessures
et notre amour sali des éclaboussures
d'un temps fait d'écorchures,
de littérature rouge sur la devanture
d'une librairie qui livre
ses pages d'érotisme libéré,
de cette boue moderne
de ces immondices, de ces ordures
peuplant nos fantasmes et nos orgasmes,
qui habitent et hantent nos corps,
nos orages infidèles,
nos jouissances débridés
qui fuient l'art romantique
et se réfugient dans cet art pornographique
pour faire moderne et libéré sexuel,
pour faire comme si
Roméo et Juliette étaient morts
inutilement,
bêtement,
stupidement
d'un amour parfaitement irréel
puisque que chaque femme et chaque homme
du XXIème siècle
ont renié l'amour romantique
au profit de la baise hyperbolique et charnelle,
des partouzes gaies dans les bars
avec bitures et extasy,
eletro house et filles délurées surnaturelles.
ça fait déjà des plombes
que l'amour n'est plus colombe
au fond de nos plumards.
Une sorte de Sunset Boulevard
l'a remplacé
pour égayer tous les ravagés du sexe,
tous les obsédés du cul
qui courent la ville
comme des chiens après des chiennes.
ça fait déjà des plombes
que Charlie est venu te sortir
de cette tombe
à chaque fois
qu'il te regarde faire l'amour
avec tes étrangers de passage.
Alors si Charlie Chaplin
sort de sa boîte de cinéma
et assiste muet
à tes spectacles érotiques
qui se font la malle et claquent
comme des coups de fouet
infligés aux esprits lourds
embués dans leurs tristes brumes
d'un monde superficiel et matériel
où chaque fille est devenue matériel
à confectionner leurs fantasmes,
où chaque relation se joue au tarif près,
où l'épouse d'un président mondial
est regardée comme une bonne affaire
par son mari,
commerciale s'entend,
mais pas au plumard, évidemment.
J'attends donc le coup de canif
dans le contrat publicitaire.
J'attends la femme suicidaire
qui dira non
à son milliardaire de mari
et oui à l'amour romantique
d'un poète lunaire,
d'un poète lunaire
qui viendra lui redonner
goût à l'amour,
le vrai, le puissant,
l'immortel Amour.
Je te dis que Charlie,
dans ce prélude à notre amour infini,
pleure avec Sara
le soir, à la maison,
quand Sara rentre seule
à la maison
et que Charlie reste seul
dans ton studio peuplé d'ombres chinoises
et ce lit vidé de ses coïts grivoises
avec son désir de te garder
tout près de son coeur,
de te serrer entre ses bras,
de te bercer comme un bébé
et te câliner ton petit Alhambra,
ta petite grenade de Séville,
tes splendeurs orientales
prêtes à s'épanouir
sous les doigts magiques de Charlie.
Charlie Chaplin t'aime
comme toi t'aime Charlie Chaplin.
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