17/12/2017
Pardon
Pardon si ma vie dérange.
Je me ferai encore plus archange.
Pardon si mon coeur a bien vécu
de belles histoires d'amour et de cul,
que mon corps aux naufrages a survécu
à tout ce qui faisait de moi un vaincu
nu et abandonné dans les nuages des pendus,
que mon coeur n'a pas su
transformé la poésie en écus
ni transformé l'or des fous du vice en vertu.
Je me ferai davantage rebelle et cocu.
Je me ferai même diable et bossu,
marginal et finalement crochu,
tordu de douleur et joyeux d'être déchu
par vos radotages et vos principes tordus.
Pardon si ma vie vous dérange,
si je ne suis pas à vos yeux Gabriel l'ange
venu annoncer cette nouvelle lumineuse
que Dieu a changé de crèche
né de son désert et de sa dèche
pour allumer le feu par la mèche,
a changé tous ses psaumes et ses rituels,
en bouleversant le sermon sur l'autel,
en clamant que sa sainte vertu
est née de sa vie de débauche
au Mont de Vénus
pour dire aux hommes
qu'il faut apprendre à aimer plus,
qu'une vie hors des clous et des normes
devient sanctifiée, magnifiée et sacrifiée,
bouleversée par l'amour d'une fille de joie
lui rendant le Cantique de la Foi
quand elle porte sa couronne tressée
au nom de la mère, de la fille et de la putain,
et la croix de bois sur ses épaules d'airain
en rémission de tous nos péchés,
de nos luxures, et de nos voluptés.
Pardon si je ne suis pas
aussi grand et aussi beau
que cette star de cinéma
ni aussi célèbre et médiatique
que cette rock star
partie rejoindre Dieu
et les enfants du paradis.
Pardon d'écrire mes litanies provocantes,
d'attaquer les puissants assis
sur leurs trop lourdes bacchantes
plutôt que les faibles debout
morts sans monnaie sonnante et trébuchante,
d'offrir mes visions de l'amour
nées dans les alcôves closes
où tous les champs de fleurs roses
poussent dans les bas-fonds des arènes porno
à coups de jeux rodéo
et de combats torero.
Pardon. Et que le Ciel me pardonne.
Dieu est une madone.
Et je crois que c'est cela
cette révolution qu'inspire le "la"
de mon cantique d'extase et d'alleluia.
Dieu a voulu devenir une femme
et pour les hommes de pouvoir
il serait alors un monstre de vice,
une défiguration de leur vision consolatrice.
Il est donc impardonnable
d'avoir changé de liturgie et de corps,
de dogmes et de religion,
d'esprit et d'âme,
de poésie et de réalité,
de rêve et d'imaginaire,
fait du sang de son sacrifice
pour avoir osé
changé la liturgie de son Verbe.
Pardon.
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