16/03/2018
Zone très paradoxale.
Je t'admire.
Oui, je t'admire.
J'ai de l'admiration
pour ce que tu fais de ta vie.
Tu donnes du plaisir,
de l'attention,
de la patience
à des inconnus
dont tu ne connaissais
pas le nom ni le visage
cinq minutes avant.
Tu offres ton corps,
tes caresses,
tes baisers,
à des hommes,
à des femmes,
à des anonymes
qui ne sont rien dans ta vie.
Je t'admire.
Oui, je t'admire
quand un vieillard
te demande un dernier rêve,
quand un salaud
te demande juste de baiser
pour assouvir sa haine de l'amour,
son ignorance des sentiments,
son rejet d'une relation amoureuse
en préférant la baise sauvage
d'une inconnue
pour deux billets de cents balles.
Je t'admire.
J'ai de l'admiration pour toi,
ta façon de braver les interdits,
d'accepter tant d'hommes
te passer sur le corps
et que tu restes douce,
tendre, généreuse de ta personne
avec ces hommes
qui parlent très mal de toi
en dehors du jeu de baise
et même pendant le jeu de baise.
Je t'admire.
Oui, je t'admire.
Tu vis en marge,
ton métier te stigmatise.
Les femmes mariées te méprisent.
Elles sentent le danger
que tu représentes à leurs yeux.
Les hommes te traitent
de tous les noms
et t'envoient en enfer.
Ils savent la liberté
que tu oses prendre
sur leur désir de pouvoir
et de possession du féminin.
Mais je déteste.
Je déteste le fruit de ce poison
qui peut tuer notre amour.
Je déteste que les hommes
te font des choses
comme à une poupée mécanique
dont ils tirent leur plaisir.
Je déteste tes si longues absences,
cette impossibilité de nous aimer,
ce temps perdu,
cet amour éperdu
qui ne peut s'épanouir,
qui ne peut prendre racine,
qui ne peut vivre de son bonheur,
qui ne peut partir à l'aventure
d'une vie de couple.
Je déteste ton manque d'attention
à notre amour,
ton manque de révolte
contre ton travail malsain,
ton manque de prise de risque
pour nous deux.
Je déteste que les hommes
te prennent pour une proie facile,
une simple punch line
à leurs vices et leurs perversions,
un rêve vicieux sans lendemain.
Juste baiser une belle plastique.
Juste s'amuser dans un vide existentiel
pour des sensations superficielles.
Le sexe peut avoir des plaisirs solitaires.
Mais à deux, cela est triste à mourir.
Le sexe peut se faire du bien.
Mais se faire du mal à deux,
se haïr mais se baiser quand même,
cela me semble aussi moche
que la guerre entre deux ennemis
qui se massacrent pour la nation
(ici la planète homme contre la planète femme)
alors qu'ils pourraient être
les meilleurs amis du monde,
voir les meilleurs amants du monde
dans un monde en paix.
Parce que la baise pour l'argent
c'est bien la guerre de pouvoir
entre un homme et une femme.
Parce que la baise sans amour
c'est bien une guerre de pouvoir,
de possession, de soumission,
et de domination.
Et la planète femme contre la planète homme.
Et la planète homme
qui tente de reprendre le pouvoir
en voulant devenir le proxénète
de la femme.
Et la planète femme
qui tente de prendre son indépendance,
le pouvoir et la domination
en vidant bourses et comptes en banque
des hommes
pour se faire sa place au soleil.
Je déteste mais je comprends.
Parce que notre société
vit dans le rapport de force permanent.
Parce que notre société
ne sait pas ce que c'est l'amour
et que l'amour, une fois reconnu,
sera plus fort que la haine.
Parce que notre monde
est en train de dérailler
et qu'il faut de fiévreux poètes
aptes aux travaux d'Hercule
pour remettre le TGV sur les rails
afin que les femmes et les hommes
fassent leur auto-critique
et prennent leur ticket validé
pour un voyage vers Vénus
où l'amour sera enfin roi,
où l'amour regagnera sa place
au cinéma de la vie.
Pour tout ça je te déteste mais je t'admire.
Pour tout ça, je te déteste
si notre amour capote.
Pour tout ça, je t'admire
si tu sais garder cette liberté d'aimer
et de préférer l'amour à la haine.
Et pour tout ça,
je t'aime à la folie,
mon amour, mon ange,
ma passion, ma marmotte,
mon Alice, mon rêve, ma merveille.
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