07/04/2018
Tous ces grands chanteurs
Higelin est parti.
C'est Adjani
qui ne peut plus dire
je t'aime.
Higelin s'était construit des ailes
mais à quoi ça lui servaient ses ailes
dans ce monde si lourd,
ce monde si fermé et si sourd
à nos histoires d'amour
que même le soleil pourrait finir
par s'éteindre
en plein midi
que personne ne s'en apercevrait
tant d'yeux rivés sur leurs I-Phone?
Higelin poète de mes 20 ans,
même si je ne l'écoutais
que trop rarement
par manque de temps.
Higelin n'avait pas besoin
des simulacres et des simagrées
du showbizz
pour écrire des poèmes inouïs.
Il était Hig
et finissait tous ses vers
en tige
comme vertige
ou haute voltige,
révoltige ou divin prestige,
champagne sur nos sentiments évanouis
au milieu des asphyxies de ce monde,
l'amour sans savoir ce que c'est
et puis ces guerres et ces haines
qui tuent le temps précieux
de nous aimer sans avoir recours
aux artifices et sex-toys
tellement vibrants mais morts,
tellement excitant mais mortels
comme des objets de plaisir
sans jouissance charnelle,
des objets de silicone
qui inondent les vallées
et les cols de l'Utérus
de nos déesses émouvantes,
muettes d'un silence glacial
se donnant du plaisir,
d'un plaisir sans partage,
d'un charnier pornographique,
d'un orgasme sans amour,
d'une baise aussi givrée
que les nuits d'hiver
tout seul, toute seule,
dans nos lits morts.
Il faudra leur dire
que les poètes sont morts
mais que leurs sons et lumières
ne se perdent jamais tout-à-fait
et que lorsque la mort rôde
il faudra encore savoir prendre
le temps d'aimer
pour de vrai
sans artifice et sans sex-toy
la fille qui passe
et qui ne reviendra pas
de sitôt
nous faire l'amour
si nous ne connaissons plus rien à l'amour.
Higelin est parti.
C'est Adjani
qui ne peut plus lui dire
je t'aime.
08:33 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Les commentaires sont fermés.