17/09/2018
Harar, dernier regard après le désespoir
J'irai jamais m'enterrer à Harar
sur cette maudite terre rare
qui a fait d'un poète
un trafiquant d'armes
dans un pays
interdisant le trafic d'armes.
Oh Rimbaud!
Où avais-tu la boule?
C'était le fric ton ultime raison
pour parcourir ce monde maboule!?
Où alors cette ultime déraison
t'a-t-elle fait fuir la poésie
son parisianisme,
son parasitisme,
les miasmes cyniques
de ce milieu bourgeois
qui ne savait pas te lire
et alors as-tu préféré
la grande hérésie
à ton coeur de vers?
Un jour,
si je prends un flingue,
ce sera pour me tirer.
Un jour,
si je n'ai plus de frangine
qui a envie de coucher
dans le lit du poète
avec passion et vice
pour cause d'obsolescence,
de vice de fabrication,
et de date limite de prétention
d'un corps mis en déroute,
il restera le coup
à une seule balle
de la chaise vide
et de l'absence au monde
dans cet ultime corps à corps
avec mes fantômes.
Harar,
une terre rare
pour quitter tout ce bazar
et jouer sur le papier
au trafiquant d'armes
quand mes larmes de joie
finissent par abandonner
la rivière du poète
rattrapé par le trop-plein de cynisme
d'un monde qui s'en foutre,
qui se fout de sa gueule
et qui a fini par découper
sa petite gueule d'ange
au chalumeau
avec la meûlante et la beûglante
de la scie médiatique.
Harar,
une terre rare.
Quittant, l'oeil hagard,
ce monde qui n'avait plus d'égard,
ni de respect, ni d'amour,
pour les mots d'un poète,
je pris alors la fuite
avec tout un arsenal
de marque helvétique,
des babioles pour enfants perdus,
en laissant ces aimables lignes
au chef de l'arsenal:
"Ô haïssable monde agenouillé
du plus bas niveau de négligence
au plus haut niveau d'indécence;
de cette hiérarchie bestiale,
riches, trafiquants d'armes,
cheloux pervers, ripoux aux mains gantées,
faux maîtres prétentieux et arrogants
de ce monde dévissant,
je quitte sans regret vos contraintes
et je m'en vais accueillir
cette totale anarchie
qui m'a dévié de vos lois hypocrites
avec la joie élégante et cynique
d'un poète abandonné
sans avoir commis,
au préalable,
ce vol de bijoux
pour adultes consentants
et fait une dernière fois la nique
à une paire de militaires
en dérobant ces armes
pour les distribuer aux plus faibles
et aux sans défense,
aux terroristes de nulle part
qui n'ont plus d'âme ni conscience
à force d'avoir adapté
leur malheureuse existence
à la vôtre misérable
pour répondre à votre pur cynisme.
Prendre des éthiopiques
drogué sous les étoiles
en restant maître
de mon idéal utopique.
Et toi, mon ange de faïence,
dans mon coeur,
malgré cette méchante distance.
http://www.lalibre.be/culture/livres-bd/arthur-rimbaud-en...
08:09 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Les commentaires sont fermés.