18/09/2018
Time Out
Je n'ai jamais
oh non jamais
traversé l'amour
aussi bien qu'avec toi.
Mais...
Mais pourquoi faut-il donc
qu'il soit déjà trop tard
pour tracer la route ensemble?
Je vais de l'aurore au crépuscule
en hochant ma tête ridicule
comme un fou sans mémoire
qui crève la dalle d'amour
parce que cette salope de vieillesse
m'a rattrapé au coin d'un bois
un peu trop vite,
un peu trop brutalement,
comme un viol sans coupable
qui laisse ses hideuses rides
sur mon corps sali,
cette salope de vieillesse
qui a volé sans crier gare
mes ultimes années de jeunesse.
Je me couche dans le chagrin
parce que je ne changerai
plus jamais mon destin
et qu'aucun élixir
ne me rendra à ma jeunesse.
Il est tard,
trop tard.
Je me couche
comme on fait son lit
avec le visage d'un vieux gaga
semblable à une vieille catin grunge
qui a perdu son punk
dans le sombre caniveau,
une vieille catin grunge
éreintée par la vie
et qui attend sa gniaule, pourtant,
le match de son coeur,
son eau-de-vie,
son tord-boyau,
sa très jeune cliente
qui viendra encore le prendre
comme le but ultime
descendu du septième ciel.
Ne jamais rater son dernier puck
et mettre dans la cage
en hurlant de plaisir.
Le vieux a basculé
de l'autre côté de la jeunesse,
du côté de cette obscène réalité,
cette absurdité démentielle
où son futur n'existe déjà plus,
où son imagination décline
et atteint la limite de ses forces.
Pour nous deux,
seulement ce solo à deux,
toi et moi
tellement seul(e)s sur la piste
que jamais, jamais,
oh non jamais
je ne pourrai oublier
cette étincelle d'amour
qui enchanta
l'homme désabusé,
l'homme salement usé,
l'homme bien trop abusé,
ce train express hyper fatigué
sifflant ces ultimes rimes
au coeur de la nuit sans fin,
quelques mots enivrants
qui massacre toute son histoire
sur un single blues très marginal.
Devant lui,
là, juste devant lui,
il n'y a plus que ce triste désert
qui annonce la logique imposée,
ces rails invisibles
tracés à l'encre indélébile,
encore ces rails invisibles
qui le conduisent nulle part
vers sa fin débile
avec tellement
de rage et de nostalgie,
de rage et de poésie
dans ce regard mis à vif,
tellement d'amour
et de bonheur intensif
quand c'était toi
qui te couchais
tout près de lui
et que nos corps à corps
savaient fabriquer
cette musique quantique
qui s'envolait avec les anges.
De 0 à 30 ans,
l'homme apprend à devenir.
De 30 à 60 ans,
l'homme apprend à souffrir.
De 60 à 90 ans,
l'homme apprend à vieillir.
Toute sa vie
le vieux apprendra encore
à t'aimer et à jouir
du plus beau festin
que ton blues
ait pu offrir à un homme;
La chance pour cette vieille catin
d'homme
d'aimer une jeune femme
tandis que son corps
peu à peu se déglingue;
que cette vieille catin d'homme
et sa peau toute rouge
jette son tomahawk
sur le bûcher aux vanités,
jette son tomahawk
sur sa vieille boutique toute ridée et vidée,
toute lézardée et saoulée
qui s'écroule de rire
dans l'alcool et la joie de vivre
durant ces ultimes belles années
à batifoler avec toi.
Time Out.
Je te donne mon temps
pour que ton avenir
reste jeune et fringant
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