07/12/2018
Le Bunker de l'Elysée
Que sais-tu du peuple,
Emmanuel?
Que sais-tu de ses espoirs,
de ses attentes déçues,
de vos trahisons à répétition,
Président après Président?
Que sais-tu de nous,
Emmanuel?
Que sais-tu des 20 ans perdus
à vivre dans la solitude,
à vire dans la marge,
à vivre sans plus d'espoir
de revenir dans le jeu?
Que sais-tu de moi,
Emmanuel?
De mes amours, de mes abandons,
de mes silences, de ma mortitude,
de ce mortier qui frappe ma gueule
tous les jours,
et mon coeur, ma bravitude,
à chaque fois que tu donnes
aux riches et que tu reprends aux pauvres
jusqu'à leur dignité
en jouant constamment le mépris,
le maître grandiloquent qui a réussi,
le cynisme à chacune de tes plaisanteries douteuses,
les mots qui heurtent
nos femmes, nos jeunes, nos hommes
comme des grenades explosées
aux visages des gens de peu,
des gens de rien
qui travaillent durs
pour presque rien
et voient leur horizon bouché,
leur avenir foutu,
leur abandon évident
par ce monde trop égoïste
et ce chacun pour soi?
J'aurais aimé,
Manu,
j'aurais aimé
que tu te mettes à nu,
que tu deviennent
ce grand président
mais j'ai su bien vite
que tu ne le serais jamais
parce que tu venais de la banque
et que de la banque
ne sort jamais que des hordes de loups,
des élites au-dessus du peuple,
des traders qui jouent aux dieux
entre deux filles magnifiques
shootées à la coke
avec qui ils trinquent
dans les bulles de champagne
et le caviar
et qui finissent dans un lit
à baiser comme des loups et des louves,
à baiser le petit peuple,
à baiser la nation entière,
et notre terre universelle.
J'aimerais te dire,
Emmanuel,
que demain je ne serai pas présent
devant l'Elysée.
Non par lâcheté ni par peur.
J'ai déjà pris des risques
dans ma vie.
Mais le travail contraint m'appelle.
Toujours le travail
et ne pas perdre sa place
pour éviter de se retrouver à la rue,
sa dignité de gagner sa vie
et de rester tout de même
en marge du jeu démocratique.
J'aimerais te dire,
Emmanuel,
que demain je serai là avec mes tripes,
mon courage, mon honneur,
à défendre des femmes et des hommes,
des travailleuses et travailleurs,
des chômeuses et des chômeurs,
des marginaux, des paumés,
des migrantes et des migrants,
des jeunes étudiantes et étudiants,
des retraitées et retraités,
qui désirent un autre monde.
Et si tu t'enfermes dans l'Elysée
alors sache déjà que le peuple saura
rester devant les barricades
au-delà de samedi
en t'enfermant des jours et des nuits
jusqu'à ce que tu cèdes
et que tu acceptes de remettre
ton pouvoir et ta gloire
au peuple.
Je peux me tromper.
C'est bêtement humain
de se tromper
comme toi tu t'es trompé.
Mais je fais le pari
que cette fois le peuple sera
du côté de toutes mes révoltes,
de tous mes dégoûts,
de toutes ces années
où j'ai attendu une main tendu
d'un pouvoir quelconque pour comprendre
ma situation tragique et mon monde,
une main de pouvoir
qui n'est jamais venue,
une main qui ne vient jamais
parce que nous sommes seuls
et seules au monde
dans cette jungle démocratique.
Alors demain,
je serai gilet jaune
depuis mon petit territoire
et j'attendrai la réponse
du peuple de France
à votre délire néolibéral
qui impose sa loi
pour nourrir grassement
une petite élite,
ce fameux 1% des gens
de notre planète Terre,
et qui ont fracassé, en 40 ans,
la solidarité, la fraternité, la liberté
au sein de nos démocraties
en imposant peu à peu
la haine et l'envie de dictature
au sein d'une partie du peuple.
Demain, je serai, avec tout mon amour,
présent parmi eux, parmi elles tous
pour qu'il n'y ait aucun crime de sang
mais la victoire du peuple
au bout du chemin.
C'est cela que tu dois savoir de moi,
Emmanuel.
18:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.