27/02/2019
Complice de tout, complice de rien
Il paraît que je suis complice,
complice des casseurs,
casseur de système,
et que mes poèmes
sont des odes à la violence
et à la révolution.
Il paraît que je suis complice,
complice des horreurs,
participant silencieux
à notre système vicieux,
que mes poèmes
sont des odes complices
à ce monde de vices,
et que de vices
je les possède tous.
Serais-je donc
quelque chose
entre Charybde et Scylla?
Je suis complice
de tous les crimes,
de la pollution,
de la désertification,
des viols, de l'esclavage,
de la prostitution,
des crimes,
des guerres,
de la fin du monde,
de la révolution.
En toute hypothèse,
je suis complice
de vivre et de consommer,
de respirer et d'écrire,
de baiser et de chier,
de tromper et d'être trompé,
de consulter et de m'informer,
de m'inspirer et de me révolter,
de regarder des horreur,
même si ce n'est que de la fiction,
de suivre en feuilleton
la guerre de Syrie, d'Irak,
et bientôt du Venezuela,
même si ce n'est
que la triste réalité.
Je suis né avec une vuvuzela
dans la bouche
et patati et patata,
une lepatata qui siffle aux oreilles
dans un silence assourdissant,
une lepatata qui horripile le bourgeois
et sa bonne conscience.
Petit branleur, petit joueur,
je reste discret comme
une chauve-souris
dans sa caverne,
je connais le prix
de la liberté d'expression
et sa fin grandiose
au peloton d'exécution.
Grand tambour de guerre,
grand agitateur,
je fais passer le message
comme le petit Indien
fait l'amour à sa voisine.
Il n'y pas de fumée sans feu
et le feu de l'intérieur
est un cri, une fureur
qui fait le tour de la Terre.
Je fais l'amour avec les mots,
je prends la route et me déroute
du côté de Bombay ou de Bali,
j'ai la haine des ordures,
des manipulateurs
trop beaux parleurs,
trop beaux bonimenteurs,
des démarcheurs de com
qui marchent la nuit,
caméra au poing,
dans la rue
avec une pair de jeans
et un blouson cuir
sur les épaules
pour faire grand frère
s'en allant au chevet
de la misère,
de SDF, de migrants,
et qui pourtant,
pouvoir de tout pouvoir de rien,
ne changent jamais rien
à ce système responsable
de tous les déséquilibres
du monde
dont tu encourages la reproduction
à tous tes petits soldats
de la surconsommation.
Si je suis complice des casseurs,
casseur du système,
suis-je aussi complice
de ta com pourri
si je vote pour toi?
Si je suis complice des casseurs,
casseur de système,
suis-je aussi complice
des multinationales et des guerres,
de mes actes et de mes gestes
quand je prends l'avion,
que je bouffe du Mac Do,
que je consomme du porno,
que je roule en moto,
en auto ou même à vélo électrique?
Complice de tout,
complice de rien,
j'prends la route
et je déserte.
Au pire, je serai complice
de ma propre mort.
Au pire, je serai complice
d'abandon des miens.
Au pire, je serai complice
et responsable d'avoir vécu
comme un rebelle,
un redresseur de tort,
une forte tête
qui n'en fait qu'à sa tête.
Mais avant ma mort,
j'irai encore dans les manifs
jusqu'à ce que mort s'en suive
ou que révolution se fasse.
C'est le message
que je voulais te faire passer
ce matin
sous le couvert de la discrétion
à toi Manu le Maître des Horloges.
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