03/03/2019
Pas tombés de nulle part
Il y a des gens
qui pensent
que nous n'avons pas
la résistance nécessaire
pour continuer cette guerre
faite au système.
Juste parce que nous restons
trop calmes et trop distants
de la lumière médiatique.
Ils oublient.
Ils oublient que nous venons
de très loin.
De bien plus loin
que trois mois de mouvement
qui secouent la France entière.
C'était à peine dix ans plus tard
après Mai 68.
C'était au lycée,
dans nos lectures et nos échanges,
nos voyages et nos révoltes,
que nous avions pris la route
de l'anti Laissez Faire City
cette théorie ultra-libérale
qui jouait sur le chaos et la jungle,
la liberté individuelle absolutiste,
pour imposer son ordre implacable
et ses produits financiers opaques
à travers une dictature policière
ordonnée au plus haut du pouvoir.
Le règne de Macron était attendu
il y a déjà 40 ans,
cette soft dictature,
ce pouvoir anti-démocratique
et pro-aristocratique.
Celles et ceux qui ne voulaient
ni de Thatcher ni de Reagen
ni du tout libéralisme
ni du tout au fric
étaient des hippies
déjà tellement marginalisés
par une société
si heureuse d'acquérir
ce nouveau pouvoir d'achat
dont on lui faisait miroiter,
comme le Saint-Graal,
des salaires élevés,
des libertés de consommer
étendues et privilégiées
aux habitants des pays riches
sur cette planète.
C'était au temps
ou toi, Gilet Jaune,
tu n'écoutais jamais les hippies,
les poètes, les marginaux.
C'était au temps
ou toi, Gilet Jaune,
tu n'avais pas le coeur
ni à la révolution
ni à la résistance.
Che Guevara n'avait jamais existé
dans tes lectures,
ni Pasolini ni les poètes maudits.
Nous avons essayé
de nous intégrer
à ce système
qui n'était pas le nôtre
mais qui te convenait encore.
Nous avons essayé
de rester social
pour ne pas devenir asocial.
Nous avons même suivi
des écoles dites supérieures
afin d'être
conformes, en apparence,
à la société.
Mais nous sommes restés
des sauvages, des indiens,
des gens infréquentables,
ingérables,
et ingouvernables
pour les pouvoirs.
Mais nous avons oeuvré
dans l'ombre
à l'avènement d'un autre monde.
Alors ne pense pas
que nous voulons
jouer un rôle d'importance
chez les Gilets Jaunes.
Nous jouons notre propre rôle
depuis toujours.
Que l'on soit passé
par les écoles,
le patronat,
le prolétariat,
les révolutions de couleur,
les guerres étrangères,
les mouvements sociaux,
les Nuits Debout,
la Loi Travail,
et aujourd'hui,
les Gilets Jaunes,
ce n'est que la suite logique
à notre route de hippies
qui n'a jamais adhéré
que d'un oeil
au monde capitaliste
en gardant l'autre dans la marge,
à notre route de jeunes utopistes
qui ont suivi des pistes
ailleurs tout en restant
avec vous tous,
les ouvriers, les paysans,
les artisans, les commerçants,
le petit peuple
déconsidéré des pouvoirs,
toujours ailleurs
dans nos têtes
mais en restant
intégrés à cette société
qui nous fait si mal
dans sa façon d'être et de fonctionner,
dans sa façon de hiérarchiser sans cesse,
sa compétition qui sépare outrageusement
les êtres humains,
en reconnaissance et en argent,
les bons des moins bons,
dans sa façon de classer
les gens dans des cases sociales
pour mieux dénigrer et stigmatiser
ou au contraire élever et considérer,
et de mettre le pognon
qui rend dingue
au-dessus de tout,
au-dessus des femmes et des hommes
devenus de vulgaires machines à produire,
à consommer,
et de critiquer, de mépriser,
pire encore, d'ignorer la réelle anarchie
des poètes de la Beat Generation
ne voulant jamais céder
leur âme à cette corruption des moeurs
et à ce cirque médiatique
affaiblissant les corps et les âmes
en rendant les femmes et les hommes
dépendants à cette soumission organisée,
à cette prostitution permanente
pour réussir dans la vie.
Nous vous demandons
à vous tous et vous toutes,
Gilets Jaunes,
seulement du respect
et le droit de lutter à vos côtés
pour que le peuple change de cap
afin d'éviter la perdition de notre Humanité.
Un vieux pote des Sioux
résistant à l'impérialisme américain.
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