18/03/2019
Si j'étais ce chêne de la mondialisation
Des dizaines de milliers
de chênes tombent
chaque année en France
et partent pour l'Empire de Chine
avant de revenir après transformation,
là-bas dans le très lointain
de nos luttes contemporaines,
par des mains ouvrières
travaillant 10 jours par heure
(je fais du Castaner à l'envers)
pour un demi-smic à l'endroit
et cela en échange
d'un esclavage 6 jours sur 7
(j'écris sur la logique cynique
des patrons exploiteurs
revenus au temps
de la traite négrière
qui nous vendent leur merde
ultra-libérale
comme la quintessence
du libre-échangisme
afin qu'ils puissent profiter
ad aeternam
de leurs petites partouzes particulières
entre amis très initiés
sur le dos des gens qui crèvent au travail).
Miam Miam
jolie jeunesse.
Pardon d'avoir été long.
Tu sais déjà tout ça
toi qui me lis.
Avec tout ça,
mon ami le chêne
a quand même pris la route
et fait un beau voyage
sur un porte-container des mers
qui coulera peut-être
après une avarie ou un incendie.
Mais au moins,
s'il n'y avait que du chêne à bord,
on pourrait presque écrire
que le navire connaîtrait alors
une fin heureuse,
une mort romantique et écologique
si ce n'est le fuel à bord.
C'est du Rimbaud
ou du Baudelaire
si on y pense bien,
de l'idéal de la noyade en mer
pour un chêne de France
ou alors du Victor Hugo
ce tronc de chêne décharné
traîné sur l'Océan
comme un gueux misérable
allant se faire transformer
et retravailler dans sa chair
comme pur objet de consommation.
A-t-il eu conscience de sa mort,
guillotiné par les mains expertes
des bûcherons,
coupé de ses racines,
traîné puis transporté
comme un simple
objet de production
et non considéré des hommes
comme cette majestueuse
création forestière
qu'il fut jadis?
Après les véganes
et leur noble combat,
les humains arrêteront-ils
de bouffer du chêne
pour se chauffer ou s'abriter
des intempéries?
A voir.
A-t-il conscience de sa fin lamentable
mon ami le chêne fabuleux
convoité comme un top mannequin
entre marchands chinois d'Arlequin
et marchands français
de la bibliothèque rose,
acheté au plus offrant
selon sa qualité et sa chair
exceptionnellement belle
pour habiller les murs
des salons bourgeois
ou alors rebelle
et pleine de noeuds,
tordue et vicieuse
dans sa nature,
pour finir bien bas
en parquet ciré
où les gens lui marcheront dessus
pour ne pas dire lui pisseront dessus
pour satisfaire leur besoin naturel
et leurs pas pressants?
De retour en France,
mon ami le chêne
résumé à son produit fini
coûtera 20% de moins
que son frère jumeau transformé
en terre de France.
De quoi voir l'avenir
en aventurier des mers
pour tous ses frères de la forêt
encore debout de France.
Je ne sais quel degré
de conscience a un chêne.
Peut-il parler aux hommes
avec ses belles feuilles dentelées?
Peut-il parler aux femmes
avec ses glands tout mignons?
Mais enfin j'ai essayé
de vous écrire pour lui
qui n'est déjà plus regardé
comme l'être majestueux
de nos forêts
mais seulement convoité
comme objet de consommation.
Et en parlant de sa destinée
j'ai tenté de vous parler
de nous, de notre exploitation,
de notre soumission
comme objet de production
et de consommation.
Et au final,
de l'après-vente réel
de leur idéologie de merde vendue
comme mondialisation heureuse
pour nous toutes et nous tous
condamnés à subir cette loi
des marchands mondialisés.
Révolution!
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