20/04/2019
Les abeilles de la cathédrale
"La souffrance enfante les songes
comme une ruche ses abeilles
l'homme crie ou son fer le ronge
et sa plaie engendre un soleil
plus beau que les anciens mensonges"
Ces vers sont tirés du poème "Les poètes" de Louis Aragon.
Quand est-ce le jour
le jour du grand départ?
Je porte ton chagrin
dans ma lettre de faire-part.
Je porte nos petits bonheurs
et nos silences imposés
tombant en cascades rougeoyantes
pareils à des sanglots étouffés
sur les murs de la cathédrale fumante.
Quand est-ce la nuit
la nuit de nos noces de feu?
Je porte tes larmes brûlantes
dans ma lettre de faire-part.
Je porte le grand bourdon de Paris
dans mon âme de gitan.
Il vole au secours
des coeurs en peine.
Il fait sonner Emmanuel
en ce jour de tragédie.
Mais Emmanuel reste silencieux.
Il ne peut voler ni pleurer
la douleur du peuple
en ces jours de deuil
car sa vie est suspendue
à ce fil invisible et ténu
la victoire point n'est acquise
à l'extinction des flammes
et je saute de poutre en poutre
comme le panache d'un écureuil
protégeant les noisettes
pour son prochain festin
quand le printemps de la cathédrale
reviendra jouer sa symphonie triomphale.
Le roi est nu,
presque à l'agonie.
Et si Emmanuel est toujours
suspendu en haut du beffroi
faut-il donc que notre roi reste roi?
Faut-il oublier la misère
qu'il fait subir à son peuple
et qui porte son gilet jaune
comme les pompiers héroïques
sur les toits de Notre-Dame,
comme les femmes et les hommes
qui ont risqué leur vie
pour sauver les deux Emmanuel,
la cloche du Christ,
et l'autre cloche
celle qui ne sait pas gouverner
malgré ses airs d'octave
dans ses discours graves
qu'il chante toujours
en soprano et en solo
même dans les moments
les plus tragiques de France.
Les abeilles sont restées en vie.
Elles volent près du grand bourdon.
Les héroïnes de Notre-Dame
n'ont ni été atteintes par les flammes
ni par les fumées mortelles,
ni par les lances d'incendie.
Faut-il y voir un miracle christique?
Faut-il y voir un oracle?
Faut-il que les femmes et les hommes
se remettent à croire en Dieu?
Paix, respect, dignité,
les Gilets Jaunes.
C'est le week-end de Pâques.
Le samedi entre la mort et la résurrection.
Ne tablez pas sur les injures grotesques,
ne partez pas dans la violence funeste.
Les abeilles ont parlé pour vous.
Elles sont habillées de gilets jaunes
comme les femmes et les hommes du feu,
comme vous toutes et vous tous
qui déambulez dans Paris
semaine après semaine
pour sauver Emmanuel
de sa folie idéologique.
Paix, respect, dignité,
les Gilets Jaunes.
Le peuple de France vous regarde
et vous demande
de rester calmes et solidaires,
beaux et solaires,
belles et lumière.
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