17/04/2020
La Fille sans visage
Je tombe à l'horizontal
sur son divan volant.
Elle m'a pris la main
sans jamais me dire je t'aime.
Je m'élève à la verticale
sur son divan volant.
Je lui prends son corps
sans jamais lui dire je t'aime.
Les amours maudits
n'ont de mots roses
que la couleur du jaune
projeté sur les murs glauques
des quartiers peuplés de fauves.
Au milieu des cadavres mauves
gisant sur le bitume,
et des vapeurs d'alcool
brisant l'amertume,
elle ferme ses yeux d'acier
et pense à son mendiant.
J'ai franchi la porte
de son connecticut.
Elle porte ses jolis bas noirs
pour ses coups d'un soir.
C'est comme un uppercut
prit dans le coeur
mais pas la peine de résister
à sa danse du sabre et du fourreau.
Ses ongles, vernis de rouge,
attirent les papillons de minuit.
Ses courts parcours clandestin
sont des hara-kiri.
Ses longs retours se font en taxi
dans une limousine capitonnée
de cuir et de sang.
Ses amants du Coconut Bar
sont des lose lose lose,
des pantins de pacotille
collés à ses bas résille
et ses talons-aiguilles.
Des morts anonymes tombés
entre ses tentacules roses
après l'ivresse, l'amour, et l'abysse.
Elle glisse ses griffes de tigresse
le long de sa jupe de vinyle
pareilles à des rayures d'amour
gravées à son joli gramophone.
Elle m'attend depuis toujours
entre deux James Bond
aux allures vagabondes.
Elle m'attend au coin du bar
entre une saillie de champagne
et un sex tonic ringard.
La barmaid s'appelle Andreia
mais dans le brouhaha
j'entends Alleluia.
Mon dieu!
Allez Lou!
Allez Lou!
Alleluia!
Elle s'est glissée dans la pénombre
comme un serpent de misandre.
Ses prunelles rieuses,
candidates au vice,
veulent bouffer de l'homme,
de l'homme qui dévisse
entre ses jambes ouvertes
prêtes pour le sacrifice.
Nos ombres chinoises s'affrontent.
Les dragons lancent leurs flammes.
"De sévices et de maléfices nous vivrons"
me dit-elle.
Nos corps roulent sur la moquette
comme des boules de feu
sorties d'un éclair éblouissant.
"D'artifices et d'amour nous brûlons"
me dit-elle.
Des lagons bleus s'allument,
qui s'étirent sans fin
sur des néons rose bonbon.
C'est une fille sans visage
qui me dévisage dans le soleil,
une fille hors du temps
folle de nos plaisirs
sans avenir après l'orage.
Il va grêler sur nos coeurs
comme après chaque ouragan.
Elle a les deux mots
qui se dessinent sur ses lèvres.
Mais elle n'ose pas.
J'ai les deux mots
qui se dessinent sur mes lèvres.
Mais je n'ose pas.
La barmaid s'appelle Andreia
mais dans le brouhaha
j'entends Alleluia.
Mon dieu!
Allez Lou!
Allez Lou!
Alleluia!
"C'est l'amour avec deux bleus à l'âme"
me dit-elle à la fin,
entre deux larmes suaves.
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