18/04/2020
Les Fleurs du Mal et le Confinement
Si tu es client d'une fille, d'un garçon,
que tu te sens bien dans cette relation,
que tu as de l'argent et une situation,
comment peux-tu ne rien faire,
ne pas l'aider,
le laisser tomber dans la rue,
la laisser seule avec son enfants
sans aucun moyen de subsistance?
Si tu passes du bon temps
avec une fille de joie
par beau temps,
comment peux-tu jouer
à l'innocent
par mauvais temps?
Si le coq a chanté trois fois
pour Pierre,
il chantera aussi trois fois
pour toi
si tu oses lui répondre
que tu ne la connais pas
quand elle te demande
le secours de ta main généreuse
sans condition préalable.
Quand tu paies pour coucher,
tu ne paies pas seulement un service.
Tu paies aussi pour une relation humaine
avec une personne
qui te fait du bien,
qui te donne sa lumière
au milieu de tes soucis quotidiens.
Quand tu paies pour coucher,
ce n'est pas ton sexe et ton plaisir
qui fera de toi cet être humain
bon et généreux
qui ose se regarder
droit dans les yeux.
Alors, s'il te plaît,
arrange-toi pour donner
quelque chose à ses filles, ses garçons
qui ont loué leur corps
pour un instant d'oubli,
de plaisir, et de liberté.
Donne de ton argent
pour sauver le métier
de ces filles, de ces garçons
comme tu donnes au commerçant
pour l'aider à repartir,
ce clin d'oeil solidaire,
et ton soutien présent et futur
pour qu'il garde son bistrot,
son épicerie, sa boucherie,
son magasin de fleur.
Les filles et les garçons
ne pourront plus rien offrir
à leurs clients
au moins jusqu'à l'été.
Alors si tu es un homme,
un vrai, un gentleman,
tu te devrais de donner
à celle que tu as connu,
à celui que tu as connu,
pour tes rendez-vous galants
de sexe et d'attention.
C'est cela l'estime
des filles, des garçons,
leur dignité de travailler
et d'être reconnu-e-s
comme des personnes
à part entière
de cette société.
Fais ce geste,
toi le client,
toi le gentleman.
L'amour te le rendra bien.
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Le crépuscule du soir
Il vient comme un complice, à pas de loup ; le ciel
Se ferme lentement comme une grande alcôve,
Et l'homme impatient se change en bête fauve.
Ô soir, aimable soir, désiré par celui
Dont les bras, sans mentir, peuvent dire : Aujourd'hui
Nous avons travaillé ! - C'est le soir qui soulage
Les esprits que dévore une douleur sauvage,
Le savant obstiné dont le front s'alourdit,
Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit.
Cependant des démons malsains dans l'atmosphère
S'éveillent lourdement, comme des gens d'affaire,
Et cognent en volant les volets et l'auvent.
A travers les lueurs que tourmente le vent
La Prostitution s'allume dans les rues ;
Comme une fourmilière elle ouvre ses issues ;
Partout elle se fraye un occulte chemin,
Ainsi que l'ennemi qui tente un coup de main ;
Elle remue au sein de la cité de fange
Comme un ver qui dérobe à l'homme ce qu'il mange.
On entend çà et là les cuisines siffler,
Les théâtres glapir, les orchestres ronfler ;
Les tables d'hôte, dont le jeu fait les délices,
S'emplissent de catins et d'escrocs, leurs complices,
Et les voleurs, qui n'ont ni trêve ni merci,
Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,
Et forcer doucement les portes et les caisses
Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses.
Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment,
Et ferme ton oreille à ce rugissement.
C'est l'heure où les douleurs des malades s'aigrissent !
La sombre Nuit les prend à la gorge ; ils finissent
Leur destinée et vont vers le gouffre commun ;
L'hôpital se remplit de leurs soupirs. - Plus d'un
Ne viendra plus chercher la soupe parfumée,
Au coin du feu, le soir, auprès d'une âme aimée.
Encore la plupart n'ont-ils jamais connu
La douceur du foyer et n'ont jamais vécu !
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