30/04/2020
Mai 2020
Les villes à travers le monde
entassent leurs gens
dans les métros, les bus, les trains,
en leur imposant le masque
et la distance de salubrité publique.
Il faut retrouver la grande espérance
au nom du bien public.
Mais hélas
l'espérance ressemble toujours
plus à un grand marché boursier,
un pouvoir de consommation
qui ne s'arrête jamais
pour les plus riches,
un salaire chargé d'illusions
avec son cortège funèbre
pour les plus exposés;
un pouvoir des bénéfices
s'accumulant encore et encore
pour quelques-uns
vivant confinés
dans leurs îles paradisiaques
avec quelques créatures de rêves
pour leur tenir compagnie,
des pertes colossales
pour tous les autres,
des pertes humaines,
des pertes culturelles,
des pertes à perte de vue,
des pertes de visibilité
parce que la grande pauvreté
rend de plus en plus invisible,
et des nouvelles contraintes
extraordinaires au travail,
des patrons qui exigent plus
en ne donnant rien de plus,
des patrons qui pleurent
des pertes qui n'en seront pas toujours
au bilan final
et pas partout uniformément.
Et comment savoir pour l'ouvrier,
l'ouvrière, l'exploité
qui se sent coupable
d'être devenu une perte
plutôt qu'un profit
pour son patron?
Comment contrôler les bénéfices
quand l'employé
n'a aucun moyen de savoir
en ces temps d'aides financières
et de chômage technique?
Je n'aimerais pas à devoir
justifier mon petit salaire
quand je sais les millions accumulés
par l'entreprise en des temps meilleurs.
Je n'aimerais pas devoir accepter
des baisses de salaire,
des choses que mon patron
voudraient me demander en plus
pour pouvoir garder mon travail.
Je voudrais juste qu'on me foute la paix
au travail.
Parce que les temps sont déjà très difficiles
et que les riches, eux,
ne se battent jamais pour survivre
avec des petits salaires.
Je voudrais juste que nos patrons
qui se plaignent tout le temps
alors qu'ils vivent dans de belles maisons,
roulent en belles voitures,
possèdent un compte en banque
qui les met à l'abri pour la vie
aient la décence et la politesse
de ne pas mettre la pression
sur nos conditions de travail
parce qu'ils ne font plus
d'énormes bénéfices
et que leur temps passé
au sein de l'entreprise
devient un temps risqué
au temps du corona
alors que l'argent
ne remplit plus à merveille
la bonne vieille soute
de leur tiroir-caisse.
Mai 2020.
Ah que j'aimerais me retrouver
au temps du flower power,
Mai 1968,
quand j'étais gosse
et que ma mère criait au démon
contre tous ces chevelus drogués.
Un été sans festival.
Un été sans folie.
Un été de carnage.
Au travail.
Et un patron
aux abois
aboyant
exigeant plus
pour encore moins.
Et rien d'autre.
Et comme horizon unique
trottant dans les têtes,
éviter de se chopper ce corona virus
qui nous bouffe notre liberté
et prend jusqu'à notre vie.
Mai 68
c'était quand même
mille fois mieux
quoiqu'on puisse en penser.
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