17/05/2020
Timeless
Je t'ai demandé un temps mort
à toi Société d'Enfer
pour te faire réfléchir à notre sort
sur ta façon de nous entuber
et d'épuiser nos ressources psychiques.
Je t'ai demandé un temps mort
à toi mon patron
pour que tu réfléchisses au pognon
ta façon de nous entuber
par beau temps
comme par temps d'ouragan.
J'veux bien t'aider
par solidarité
mais j'aimerais bien partager
les bénefs et les biftons
quand tu empoches les millions
pour payer la Porsche Cayenne
de ton fiston
et pas seulement devoir subir
tous les sacrifices et tes exigences
quand tu zoomes affolé
sur ton chiffre d'affaire
te mettant dans le pétrin
de fins de mois difficiles.
J'veux bien fumer le Calumet de la paix
quand les circonstances sont équitables
mais pas quand tu craques l'allumette
sur les bidons d'essence de nos vies
exploitées et spoliées misérables
tandis que ton compte en banque
prend l'ascenseur pyramidal
tandis que que nos salaires
se retrouvent mille pieds sous terre.
J'ai regardé dans les yeux de Cheyenne
qui m'a dit que les Indiennes
ne seront jamais soumises
au capitalisme et à cette différence
de classe sociale entre toi et moi
mais bien des chiennes de frappe
qui mordent dans ton cynisme
et déterrent la hache de guerre
contre toi le grand capitaliste.
Tu ne peux pas toujours
tenir le couteau par le manche
et demander ma collaboration.
Collabo ça me rappelle
de mauvais souvenirs.
Des nazes et des lâches
sous la protection des puissants
trahissant mère et père
les idéaux démocratiques
pour profiter d'un rayon de soleil
sous le règne tyrannique
des gangsters en col blanc
à qui ils servent la soupe
et offrent leurs croupes
pour se faire laminer le fion
en vivant comme des pions
sur l'échiquier et protégeant
le roi et la reine
au lieu d'être des lions
pour secourir la veuve et l'orphelin.
Mais c'est la fin de leur règne.
Echec et mat au système.
J'ai jeté l'anathème
sur les vestiges du Capitalisme
et Wall Street peut se crever
la bulle spéculative.
J'ai jeté mes derniers mots
dans la bataille décisive
et même si je crève
je crèverai en guerrier
de notre cause.
Je sais.
C'est plus facile de collaborer
au système et avoir droit
à une jolie vie de famille
des maîtresses plein le plumard
des vacances à Ibiza
la carte au Club d'Alexandra
un matelas de prévoyance
qui met à l'abri de l'indigence
et t'offre cette perspective avantageuse
d'une vieillesse heureuse.
Je sais.
C'est plus facile d'être un mouton
qui engraisse les patrons
plutôt qu'un rebelle song writter
qui en bave avec sa jolie sister
et reste seul dans sa lose
dans son trip et sa culture rose
son rap et sa grosse frappe
mettant en fuite les une des journaux
restés muets et paralysés au barreau
devant le King Kong de la crime
en lutte contre les tyranosaures
de la frime et de la prime
restés muets et paralysés au barreau
devant tant de feu et de baise
qui soignent les plaies et l'angoisse
tant de putes romantiques
pour nourrir l'amour idyllique
tant de mots sortis tout cru
de la zone rouge sur le grill
tatouant au fer rouge
les fantasmes des puissants
pratiqués sur la peau des frangines
disponibles au bordel.
Je sais.
Les petits font la queue leu leu
pour un panier de bouffe à 20 balles.
C'est vraiment malheureux.
C'est pas eux qui pourront
remplir mon panier
de leur reconnaissance
et faire grossir mon fan's club
réduit à deux pelés et trois tondus.
Ils ont autre chose à penser
autre chose à faire
qu'à lire un révolté
de la marge qui ne décolle jamais
de sa chambre à coucher.
Ils ont besoin de manger
et ils subissent passifs
le monde les bouffer
jusqu'au plus diminutif
sans jamais oser se rebeller
avec leur plume et leur canif.
Ils triment pour les ambassadeurs
du beau monde partouzeur,
ONU, UNICEF, OMC.
Au black
les frères touchent leur thune
distribuée au compte goutte
de la main gantée
des gens de la haute.
Dans les salons érotiques,
les soeurs se déshabillent
pour un strip-tease clinique
avec les cadres en costard-cravate
s'emmerdant avec leur officielle
et poussant le vice
jusqu'à se prétendre vertueux
très amoureux
de leur bonne femme officielle
attendant le retour du héros
leur Roméo magnifique
qui vient juste de tirer son coup
à deux cents balles
avec une déesse du quartier.
Pathétique Juliette.
Je sais.
Aujourd'hui, c'est la totale misère
et cette rue de Genève
qui fait la queue leu leu
pour un panier de pâtes à 20 balles.
2.600 personnes ça fait
une queue de 5.200 mètres
en respectant la distance sociale
une heure de marche
en partant du premier de la liste
au dernier de la liste.
La Liste Caritas.
Je sais.
Je suis pas encore soumis
à ces conditions inhumaines.
Je peux boucler mes fins de mois
avec les poursuites au cul
qui n'auront jamais mon cerveau,
mon âme et ma poésie
et pas même tout mon blé
parce que le système D
est le seule espoir de survie
pour ceux qui sont ruinés
et sans aucune fortune à déclarer.
Demain tu me jetteras dehors
comme un chien qui a mordu
la main qui le nourrissait
parce que je n'aurai pas voulu
être le complice
d'une injustice de plus.
Mais je crois que la main
qui nourrit le plus
c'est encore ma main et pas la tienne.
C'est la goutte de sang
qui déborde de mon calice
mais si je subis le supplice
de la déchéance sociale
pour haute trahison
envers le patronat
j'aurai su garder ma dignité
de travailleur au combat
qui refuse plus longtemps
le petit jeu des exploiteurs
profitant de la crise
pour sauver leur entreprise
tout en appauvrissant
leurs employés par ce chômage
dit technique tombé du ciel
alors que la branche n'avait jamais
connu le droit supplémentaire
d'exploiter plus pour payer moins.
K.O. technique
pour ceux qui profitent
sur le dos des employés.
Je veux pas d'un salaire
à moins 20% durant x temps.
J'ai rien demandé
pour en arriver là.
Parce que
quand ton bénéfice mensuel
volait et flirtait
10 fois plus haut
que mon salaire mensuel
tu ne m'a jamais dit
qu'on partageait le jack pot
du front et de la sueur
avec tout le personnel
pour que tout le monde
soit heureux de bosser
en tirant sur la même corde
du succès solidaire.
Je t'ai demandé un temps mort
à toi Société d'Enfer
pour te faire réfléchir à notre sort
sur ta façon de nous entuber
et d'épuiser notre ressources psychiques.
Tu peux me jeter dehors.
Je préfère la mort
à l'humiliation finale.
Tu peux me black lister
avec tes potes du métier.
Je m'en fous.
Je garde ma dignité.
Tu peux me laisser
à mon triste sort.
Je préfère la mort
à l'humiliation finale
et gagner ma vie au rab
pour que toi tu sauves ta boîte
et tes millions en réserve
sur tes comptes en banque.
Voilà.
C'est ce que je devais te dire
à toi mon patron
pour sauver notre calumet de la paix.
Enfreindre les limites
c'est s'exposer à la guerre.
Respecter les limites
c'est s'offrir le calumet de la paix.
A toi d'être intelligent
pour sauver au moins les apparences.
A toi d'avoir compris mon message.
A toi de faire amende honorable.
Je veux pas t'humilier en public.
Je veux pas d'une peine infamante
pour toi et tes frères d'armes.
Je veux pas le fouet,
la mutilation, les galères
et le bannissement des directeurs,
des patrons, des leaders.
Je veux juste que tu renonces
à une injustice de plus
pour sauver le calumet de la paix
et que tu acceptes
de prendre en charge la perte
et pas seulement les bénéfices.
Comme un vrai boss qui assume.
Comme un vrai boss
prêt à sauver l'entreprise
sans toucher aux salaires
des employés.
Comme un vrai boss capable
de toucher à son Capital
pour son personnel.
Comme un vrai boss
comme j'en rêve dans mes nuits.
A toi de faire le job.
Moi, j'ai fait le miens.
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