13/07/2020
Osez le procès, Joséphine Irschi
Souiller de peinture rouge sang le Tyran,
le Dandy, le Superbe,
mais fuir son acte comme un pur sang
effrayé par le serpent médiatique.
Ne fuyez pas Joséphine!
Osez l'arrière des dauphines,
la banquette des proscrits,
la harangue de la foule
qui crie "à mort la sorcière!"
et ce goût qui excite,
rouge sang du politique,
de l'apartheid, de l'exil,
des soumis écrasés par les puissants.
Brûler sur le bûcher médiatique
ou mourir femme fantômatique
qu'elle est donc votre choix Joséphine?
Présentez-vous!
Défendez-vous!
Défendez la noble cause
d'une société plus équitable,
d'une Suisse métissée
contre une Suisse de l'apartheid,
de la pureté du sol, du Réduit national.
C'est le moment
des mots bleus,
des mots blues,
le moment de vérité
des mots émouvants,
des mots qui remportent
les vents de l'adhésion,
les envolées lyriques d'une poétesse,
les passions éthyliques d'une prophétesse.
les amours hérétiques d'une déesse.
C'est le moment du Noir et du Blanc,
des gens qui s'aiment, qui s'unissent,
se métissent dans les profondeurs d'un Matisse,
du blanc qui mue, du noir qui move,
et entre eux
les couleurs de l'arc-en.ciel,
les pédés,
les LGTB,
les lesbiennes transsibériennes,
les filles de Dakar,
les garçons du Hoggar,
les dockers de Neuchâtel,
les blue baby girls
de la Case à Choc,
les heures où se perdent nos rêves
dans les délires éthyliques,
les nuits où s'affrontent nos démons,
nos égoïsmes, nos fermetures,
mais surtout nos ouvertures sur les Autres,
celles et ceux qui nous font peur,
celles et ceux qu'on ne connaît jamais
que par préjugés et jugements hâtifs.
Exprimez-vous Joséphine!
Dites-leurs vos mots de vérité,
vos mots partisans,
vos mots doux qui défendent les innocents
et découpent au canif les coupables.
Osez Joséphine!
Je veux bien perdre une nuit
entre quatre yeux
pour vous exprimer ce que je pense
de votre acte héroïque
qui a l'air d'un vulgaire acte vandale,
d'un acte gratuit et irréfléchi
sans aucune portée historique,
sans aucune suite
à donner sauf à être puni
de jours amendes
pour outrage à monument
par une jeune garnement
jetant sa peinture satanique
à la tête du dominateur,
du bien élevé bourgeois
de Neuchâtel,
du bien éduqué commerçant de Lisbonne,
du bienfaiteur de l'humanité
qui avait coupé bien malheureusement
l'Humanité en deux:
celle qui existe toujours
et qui jouit jour et nuit;
celle qui n'existe jamais
et qui trime jour et nuit.
Osez Joséphine le procès,
le retentissant procès
d'une fille de Neuchâtel
face à ses juges et ses bourreaux
se raccrochant à des idées brunes.
Alors peut-être Neuchâtel
comprendra mieux
la souffrance, les douleurs évanouies du passé,
tous ces travailleurs et travailleuses
des champs de coton disparaissant
dans la nuit des temps
sans jamais connaître la gloire des frontons,
les biographies glorieuses,
les amours multiples et conquérants.
Ces vainqueurs à l'héroïsme criminel.
Osez Joséphine!
Nous attendons vos mots bleus,
vos mots blues
face au Tribunal de notre Ville.
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