17/12/2020
Des nuits à t'attendre
Que savent-ils de la solitude
ceux qui ne s'inquiètent
que de leur argent et de leurs profits?
Que savent-ils tous et toutes,
ces indifférents, ces ignorants,
à la solitude de notre amour?
Je t'attends sans réponse
à ma drôle de question.
Est-ce essentiel
de nous attendre
alors que le temps passe
et que le virus ne trépasse pas?
Les gens font leur shopping
sur Amazon et Zalando.
C'est le pays de l'eldorado,
sans contact et sans relation,
compulsif et dépressif,
absurde et obsessionnel.
Ils tondent leurs rêves
avant la fin de leur monde.
Je fais du keep and shipping
seul sur mon ring
avec mes mots et mes impressions.
Je cherche des oeuvres d'art
qui me parlent,
des amies qui me font l'amour
pour remplir mon existence
au coeur du monde à l'arrêt.
C'est bizarre ce sentiment
de n'exister sur cette Terre
que pour sa seule force de travail.
C'est bizarre que mon boss
ne compte que sur les profits
que je peux lui rapporter
sur son chiffre d'affaire.
C'est bizarre que mon patron
m'oublie quand le restaurant
ne lui rapporte plus des millions.
C'est bizarre de n'être
que cette sorte de bête de somme
qui se détruit au travail
alors que l'office des poursuites
me poursuit depuis 30 ans...
oui 30 ans déjà ou presque.
Une paille.
On pourrait dire
que je fais mal mon job.
On pourrait dire qu'être pauvre
comme une sorte de Job
au service de ce Crésus superbe
me tenant dans sa pogne
c'est tout-à-fait normal au temps
du marché aux esclaves.
Mais moi je passe des nuits
et des nuits à t'attendre.
Et je sais que tu comptes sur moi.
Pas seulement pour l'argent.
Pas seulement pour le sexe.
Pas seulement pour le plaisir.
Mais surtout pour l'amour.
Mais surtout pour l'amitié.
Mais surtout pour nous deux.
Mais pourquoi être encore romantique
au temps du profit et du fric?
Mais pourquoi tous ces mots inutiles
alors que le restaurant va fermer
pour la troisième fois à Noël
pour sauver le pays et son économie,
accessoirement de la mort
sur un lit d'hôpital,
et que mon patron me reniera
pour la troisième fois
en m'oubliant
ne sachant même plus
mon nom, mon essentiel,
ma responsabilité
au sein de son restaurant.
Joyeux Noël, Patron!
Joyeuse Année, Patron!
Et merci pour votre absence
de reconnaissance.
Parce que ses millions sont tombés
littéralement du ciel de sa réussite
et que son argent est à lui, bien à lui.
Parce que nous ne sommes que des pions
qui donnons notre force de travail
à des usurpateurs capitalistes
qui ne comprendront jamais rien
ni à la vie, ni à l'amitié,
ni à l'amour, ni à l'essentiel.
Toi, tu m'attends quelque part
entre la solitude et l'oubli.
Tu sais que je suis là
comme un ami métronome
qui n'abandonne
jamais le prix de sa parole donnée
ni le prix du sang de la passion.
Un amour romantique
qui jamais n'abandonne
le prix à payer quand on aime,
le prix de sa propre vie
quand tout devient glauque
et que la pauvreté nous accable
de sa glorieuse incertitude.
Je ne suis pas encore mort.
J'ai de la vraie ressource.
De la ressource amoureuse.
Et ma source ne se tarira jamais.
De la ressource spirituelle.
Et ma source s'imprègnera à jamais.
De la ressource artistique.
Et ma source ira toujours à l'essentiel.
Tu reviendras un jour
et nous ferons la fête
à nos retrouvailles.
Tu reviendras un jour
et même si je suis sans argent
tu me feras encore l'amour
parce que tu m'aimes
en ces temps de grands funérailles.
On ira au bord du lac
et tu me prendras la main
pour me dire que tu m'aimes
même dépouillé et sans argent.
On ira dans ta sinistre piaule
et tu me prendras sauvagement
pour me dire que tu aimes baiser
l'homme de l'amour,
l'homme de l'amitié,
l'homme nu, le vrai,
celui qui devrait exister
en chaque homme
mais qui n'existe plus
qu'exceptionnellement
chez les poètes de la rue.
Tu me feras encore l'amour
pour oublier tous les autres
qui te baisent avec leur fric
et qui n'ont aucun sentiment
à t'offrir si ce n'est leur bestialité,
si ce n'est leur pauvre semence
infertile et inféconde
déversée dans ta fente
comme un torrent de boue
étalé sur ta vertu.
J'aime une pute.
Et tant pis si ça vous dérange.
Elle n'est pas un fils de pute
qui s'est enrichie sur mon dos.
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