18/04/2020
Parano
Ce soleil insolent
qui brûle depuis 30 ans.
Nos coeurs d'enfants,
en prison,
détention forcée,
entre quatre murs,
sans horizon,
rêve de liberté,
amours interdits,
depuis 30 ans,
nos coeurs d'enfants,
rêvant,
d'échapper à l'invisible,
ghetto volontaire,
ennui morose.
Les murmures,
le brouillage des messages,
les fake news,
les théories du complot,
les big gang pharmas,
les labos coupables,
les collabos,
les résistants,
les délateurs,
le peloton d'exécution,
les lavabos,
les crachats,
les ordures,
la chauve-souris,
le pangolin,
l'augmentin,
l'amoxicilline,
Aline,
Alcaline,
Chloroquine,
le professeur Raoult,
la quadrature du cercle,
les initiés,
le Grand Confinement,
les héroïnes,
les héros,
les hôpitaux saturés,
les urgences folles,
les magasins dévalisés,
les rouleaux de chiotte,
les gags surréalistes,
le Bal des Masques,
les Chinois,
Donald Trump,
Alain le Berceur,
le bon Docteur Koch,
Ana et Violetta,
leurs pseudos
d'agent secret,
à 14 heures,
chaque jour,
sur les ondes TSR2,
Albert Einstein,
sa relativité quantique,
déclaration live,
agi aussi vite que possible,
aussi lentement que nécessaire,
le train des mesures,
l'hélicoptère monnaie,
les restaurants condamnés,
la plage désertée,
Aline qui n'en revient pas,
les concepts globaux,
le tourisme sans touriste,
les nouveaux hôtes,
débarqués de la mer,
les migrants naturels,
les oiseaux du large,
les Martine à la Pêche,
le passé, le présent, le futur,
la dévastation des stations,
la révolution silencieuse,
la libération des forêts,
la valse des milliards,
la récession sans fin,
le déconfinement,
les confins de l'absurde,
la procession,
les cercueils,
la danse des ossements,
les funérailles en solo,
la solitude des morts,
la belle chloroquine,
cette sacrée salope,
cette coquine,
chassée puis damnée
de la Terre,
les armées de l'ombre,
la ligne Maginot,
la victoire,
les gang bang pharma,
le fameux magot,
les nazis,
Adolf Hitler,
Bill Gates,
son vaccin,
8 milliards de Chinois
et moi et moi et moi,
la touche de Corona,
le paracétamol,
l'attente solitaire,
l'étouffement,
les urgences,
le respirateur,
l'intubation,
la mort,
non assistance
à personne en danger,
l'hydrochloroquine,
coulant dans mes veines,
la résurrection,
le miracle,
Corona,
le Parrain,
Covid-19,
Corleone virus,
le conte romantique,
l'histoire mélo-dramatique,
Roméo et Juliette,
l'eau de rose,
le gel hydroalcoolique,
Opération mains propres,
la langue du pangolin,
la douce morsure
des chauve-souris,
le laboratoire P4,
sa scène de crime,
ses enquêteurs,
ses youtubeurs,
ses entubeurs,
ses bonimenteurs,
la diseuse de bonne aventure,
la vérité est ailleurs,
la victoire de la parano,
la leçon de piano.
Christophe
qui s'en va,
le Tonnerre de Brest,
la résistance à l'ennemi,
The Best Challenge,
les jours où rien ne va,
tu écoutes la voix,
The Voice,
le romantisme,
Christophe,
t'échapper aux confins
de la terrible catastrophe.
09:10 | Lien permanent | Commentaires (0) |
17/04/2020
La Fille sans visage
Je tombe à l'horizontal
sur son divan volant.
Elle m'a pris la main
sans jamais me dire je t'aime.
Je m'élève à la verticale
sur son divan volant.
Je lui prends son corps
sans jamais lui dire je t'aime.
Les amours maudits
n'ont de mots roses
que la couleur du jaune
projeté sur les murs glauques
des quartiers peuplés de fauves.
Au milieu des cadavres mauves
gisant sur le bitume,
et des vapeurs d'alcool
brisant l'amertume,
elle ferme ses yeux d'acier
et pense à son mendiant.
J'ai franchi la porte
de son connecticut.
Elle porte ses jolis bas noirs
pour ses coups d'un soir.
C'est comme un uppercut
prit dans le coeur
mais pas la peine de résister
à sa danse du sabre et du fourreau.
Ses ongles, vernis de rouge,
attirent les papillons de minuit.
Ses courts parcours clandestin
sont des hara-kiri.
Ses longs retours se font en taxi
dans une limousine capitonnée
de cuir et de sang.
Ses amants du Coconut Bar
sont des lose lose lose,
des pantins de pacotille
collés à ses bas résille
et ses talons-aiguilles.
Des morts anonymes tombés
entre ses tentacules roses
après l'ivresse, l'amour, et l'abysse.
Elle glisse ses griffes de tigresse
le long de sa jupe de vinyle
pareilles à des rayures d'amour
gravées à son joli gramophone.
Elle m'attend depuis toujours
entre deux James Bond
aux allures vagabondes.
Elle m'attend au coin du bar
entre une saillie de champagne
et un sex tonic ringard.
La barmaid s'appelle Andreia
mais dans le brouhaha
j'entends Alleluia.
Mon dieu!
Allez Lou!
Allez Lou!
Alleluia!
Elle s'est glissée dans la pénombre
comme un serpent de misandre.
Ses prunelles rieuses,
candidates au vice,
veulent bouffer de l'homme,
de l'homme qui dévisse
entre ses jambes ouvertes
prêtes pour le sacrifice.
Nos ombres chinoises s'affrontent.
Les dragons lancent leurs flammes.
"De sévices et de maléfices nous vivrons"
me dit-elle.
Nos corps roulent sur la moquette
comme des boules de feu
sorties d'un éclair éblouissant.
"D'artifices et d'amour nous brûlons"
me dit-elle.
Des lagons bleus s'allument,
qui s'étirent sans fin
sur des néons rose bonbon.
C'est une fille sans visage
qui me dévisage dans le soleil,
une fille hors du temps
folle de nos plaisirs
sans avenir après l'orage.
Il va grêler sur nos coeurs
comme après chaque ouragan.
Elle a les deux mots
qui se dessinent sur ses lèvres.
Mais elle n'ose pas.
J'ai les deux mots
qui se dessinent sur mes lèvres.
Mais je n'ose pas.
La barmaid s'appelle Andreia
mais dans le brouhaha
j'entends Alleluia.
Mon dieu!
Allez Lou!
Allez Lou!
Alleluia!
"C'est l'amour avec deux bleus à l'âme"
me dit-elle à la fin,
entre deux larmes suaves.
23:59 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Festin Pascal
12:06 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Dernier souffle
Etait-ce l'été prochain
qu'il n'y dansait déjà plus ta voix
dans ce vieux bar sur la plage?
Ou était-ce moi qui divaguerai,
seul et rêveur,
t'écoutant avec les oiseaux
sur la pointe des vagues
à vouloir t'entendre chanter
en sirotant un mojito
avec elle dans mon miroir?
Ce très long sanglot
en pleine pandémie,
ce cri à l'amour romantique
en pleine famine existentielle,
ce long sanglot
en pleine infamie,
cet appel au secours désarmant
aux urgences de nos coeurs.
"Oh moi j't'aime
Oh moi j't'aime encore.
Comme un mirage
dans un roulé-boulé
le monde entier,
ébahi,
t'applaudit."
Ce très long sanglot
comme le dernier clair de lune
de Chopin ou Beethoven,
ce très long sanglot
à couper le souffle
de nos misérables vies
jusqu'au bout de ton souffle.
Ce bonheur affable
au plus profond
de ta souffrance,
au plus profond
de notre peine,
qui surgit pareille
à une eau de jouvence.
Adieu Christophe.
Personne ne t'oubliera
parmi celles et ceux
qui t'aiment depuis leur enfance.
Derrière le corbillard fleuri
des milliers d'âmes en pagaille
suivront ton dernier voyage
sur l'autre rive.
A sa famille, mes pensées les plus fraternelles
en ces jours de profonde douleur.
09:21 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Anaïs Volubilis
Ferons-nous encore
du vol à voile
avec nos bouches à bouches?
Planeurs acrobates
suspendus au ciel
pour cette prière écarlate,
ton auréole d'adolescence
s'accrochant active et fébrile
aux boules d'incandescence,
ton baby doll d'innocence,
couleur de feu et d'essence,
allumant le grand incendie
de notre licence.
Irons-nous encore
au bout de notre alcôve
visiter tes paradis perdus,
ton océan de plaisir
aux fantasmes d'élixir,
lanceurs de sortilèges tantriques
rattrapant ta chute orgasmique
dans le vide de notre petite mort,
périlleuses chevauchées
s'élançant sur tes sables étoilés
finissant au fond de l'abîme
là où la lumière a fait place
au chant des sirènes?
Reconnaîtras-tu
le goût de ma salive
sur ta langue éveillée
et l'odeur de mes sens
au bout de tes doigts?
Glisseras-tu encore ta main
sur mon visage
comme une fille de passage
déposant sa trop lourde valise
dans la gare d'un poète?
Et mon sexe rencontrera-t-il
la déesse et son dieu
à ton vagin de vierge
éclairée de la divine lumière
à ton cloître clitoris?
Anaïs Volubilis
Sanctus Orgasmus
Est-ce un crépuscule
ou une aurore boréale
notre histoire d'amour?
Est-ce ce sinistre virus
ou versus notre amour
qui écrira la dernière lettre
de notre amour latin?
J'ai perdu toute raison
à mon existence,
reclus en solitaire
dans mon taudis morose,
reclus en suicidaire
dans ma sinistre sinistrose.
Trente jours déjà
avec cette psychose
au fond de mes tripes
et ce décompte morbide
des victimes et des morts,
soixante de plus prévus
au compteur des jours perdus,
je suis un vieux,
un vieux reclus, pendu
à son arbre des illusions perdues.
J'assiste à mon oraison funèbre
et personne pour les funérailles.
J'ai perdu tes mots doux
aux creux de mon oreille,
ton souffle à mon cou
qui me tenait si chaud
face à ce monde de glace
et d'apparence mondaine.
Viendras-tu?
Encore une fois, je t'attends.
Je suis vivant!
07:54 | Lien permanent | Commentaires (0) |