04/05/2020
Shine City
So long is my way.
Ton visage glissant vers my street.
Le long retour du côté de Shine City
sera une aventure frissonnante
effaçant la trace
de nos longs mois de séparation.
Te rappelles-tu de cet orage
et de nos coeurs volant
en direction des nuages?
On se disait qu'un jour peut-être
tout nous serait permis
même le droit de rêver à notre réalité.
Mais il y avait toujours un mais
dans notre histoire d'amour,
des nuages qui s'amoncelaient
au loin au-dessus de nos draps de lit
dans ta chambre à Neuchâtel,
des cumulo-nimbus déversant
nos larmes douces et amers
sur nos vies de bagatelle.
Ils disent toujours
que ceux qui échouent
sont responsables de leurs échecs.
Mais ils ne disent jamais
que s'ils ont réussi
c'est que d'autres ont trimé pour eux.
Mais ils ne disent jamais
que si la réussite est belle
l'échec, lui, est héroïque.
Ils savent tellement pleurer
et gémir sur leur sort
auprès de maman patrie
quand ils sont en train
de perdre la partie.
Ils savent tellement accumuler
et individualiser les bénéfices
sans jamais penser à partager
avec leur personnel
et collectiviser les dettes
le jour ou une pandémie arrive
en pensant même que le personnel
commence vraiment
à leurs coûter trop cher
et qu'il faudrait songer
à le faire travailler plus
et le payer moins.
On parle tellement des indépendants
dans les médias
et de leur malheur
mais on ne montre jamais
les employés qui ne touchent plus
l'intégralité de leur salaire
et qui se retrouvent
trop souvent au minimum vital
avec les factures sur le dos
de leur dromadaire
sachant si bien vivre
dans le désert médiatique
malgré l'aridité
du manque de reconnaissance.
Tu vois, mon ange,
je ne pleure pas sur mon sort,
j'arrive même à me débrouiller
d'une façon ou d'une autre
pour que toi et ta famille
ne creviez pas de faim au pays.
Tu vois, mon ange,
j'ai toujours plutôt eu tendance
à individualiser mes pertes financières
et à collectiviser mes maigres revenus
sans chercher midi à quatorze heures
si cela est trop injuste
de vivre avec moins et au final
en faire un plus pour les autres.
Parce que l'amour c'est le partage
et que le partage c'est l'amour
alors que l'égoïsme c'est la division
et que la division c'est la haine.
Quand tu reviendras,
on ira se faire un petit plaisir
dans un bon restaurant
avec ma cagnotte d'écureuil
pour soutenir un patron
et ses employés de retour au turbin
même si je suis certain
que le patron ne versera aucun dividende
à son personnel à la fin de l'année
en récompense d'avoir super bien réagi
à l'énorme crise actuelle
et de l'avoir sauvé
de la faillite personnelle.
Parce que je suis comme ça
et pas autrement.
Parce que j'ai toujours du faire face
à de grosses difficultés
dans mes propres commerces.
Parce que je me suis toujours battu
pour ma famille
et que l'Etat ne me l'a jamais rendu
même quand je ne pouvais pas
assumer les impôts par force obligatoire
d'un père à charge de quatre enfants.
Alors franchement,
ils me font doucement rire
ces patrons qui ont pourtant
de belles maisons et de belles bagnoles
et qui paniquent après six semaines
alors que tout leur personnel
est pris en charge par l'Etat
et que la marchandise est au froid
dans leurs congélateurs.
Je dis pas que tous et toutes
ils roulent sur l'or.
Non. Je sais bien qu'il existe
des petits patrons qui galèrent vraiment
pour assurer leur fin de mois
et garder leur entreprise à flot.
Mais je suis sûr
que ce ne sont même pas ceux
qui pleurent le plus
dans le gilet de Maman Etat.
Alors n'y pensons plus.
Réjouissons-nous de nos retrouvailles
qui ne seront pas des funérailles
mais bel et bien ce lumineux bonheur
de nous retrouver tous les deux.
So long is my way.
Ton visage glissant vers my street.
Le long retour vers Shine City
sera une aventure effaçant
nos longs mois de séparation
et cette grande douleur
de rester solo dans nos existences.
A bientôt, my love.
09:19 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Comptine d'un autre été
C'était l'été de la dernière chance.
Nous avions perdu tant de temps
à vouloir devenir trop riches.
Nous avions perdu nos familles
à trop vouloir travailler pour consommer.
C'était l'été de notre dernière chance.
Tu étais nue sur la plage désertée.
Nous avions perdu tant de temps
à nous manquer ces dernières années.
Nous avions rêvé
de la possibilité d'une île,
nous mettre ensemble
et nous aimer pour toujours.
S'il fallait se déconfiner
pour encore pouvoir consommer
de fausses illusions,
des apparences, des mensonges.
S'il fallait retourner
à nos places de travail
pour satisfaire le pouvoir des patrons,
rester esclaves de notre condition,
polluer davantage
avec la satisfaction du criminel,
s'envoler presque gratuitement
pour des destinations de rêve
en assassinant délibérément
nos conditions d'existence.
S'il fallait se déconfiner
pour déconner davantage,
renoncer à nos promesses,
écouter leur discours du passé
sommés de rejoindre
nos places de travail
par cette finance
fonçant dans le mur de l'anéantissement.
C'était l'été de notre dernière chance.
Tu étais nue sur la plage désertée.
Nous avions perdu tant de temps
à nous manquer ces dernières années.
Nous avions rêvé
de la possibilité d'une île,
nous mettre ensemble
et nous aimer pour toujours.
S'il fallait se déconfiner
et remettre le couvert comme avant,
mais avec en plus
l'hôpital
qui se fout de la charité
au restaurant,
les tables à désinfecter
derrière le passage des gens,
les masques à porter
pour protéger les clients,
les distances à respecter
pour obéir au règlement,
la dépression du patron
ne gagnant plus ses cinquante milles francs,
toutes les fins de mois
à gémir sur son bénéfice révolu,
sa misère et ses pleurs
pour réussir à payer nos salaires.
C'était l'été de la dernière chance.
Nous avions perdu tant de temps
à vouloir devenir trop riches.
Nous avions perdu nos familles
à trop vouloir travailler
et gagner cette thune
qui ne faisait pas notre bonheur.
C'était l'été de la dernière chance.
A la télé, ils ne parlaient
que de leur destination de rêve
frustrés d'un printemps confiné.
Ils voulaient toujours la dolce vita
comme avant la calamité,
comme avant l'avertissement mondial,
comme avant
quand rien ne les faisait jamais réfléchir
à d'autres perspectives de société,
plus d'équité, moins d' injustice,
plus d'humanité, moins d'indifférence.
Ils voulaient conserver leurs privilèges,
leurs droits aux plaisirs sans contrainte,
leurs possibilités de royaume
à prix bradés pour cet été
sans jamais penser à celles et ceux
qui les servaient à table
qui seraient encore plus mal payés
que dans les habitudes d'avant;
que cette dorade royale
leur avait été dorée
par un cuisinier masqué
devant se battre tous les mois
pour conserver
un salaire déjà peu enviable
et un horaire de travail
coupé en deux détestable,
du matin et du soir,
de la semaine et du week-end,
des heures à bien plaire
pour sauver de la faillite
le business de son gentil patron.
C'était l'été de notre dernière chance.
Tu étais nue sur la plage désertée.
Nous avions perdu tant de temps
à nous manquer ces dernières années.
Nous avions rêvé
de la possibilité d'une île,
nous mettre ensemble
et nous aimer pour toujours.
04:47 | Lien permanent | Commentaires (0) |
03/05/2020
Notre état d'urgence n'est pas celui de l'ultralibéralisme
Nous ne nous sommes jamais confinés pour subir une baisse de salaire de 20% pour beaucoup, à 100% pour certains.
Nous ne nous sommes jamais confinés pour faire du farniente et vivre des vacances à domicile sans possibilité de voyager et de manger au restaurant.
Nous ne nous sommes jamais confinés pour risquer de perdre notre travail et subir les pressions de nos patrons à notre retour au travail.
Nous ne nous sommes jamais confinés pour sacrifier nos familles, nos vieux seuls à la maison ou emprisonnés dans les homes, nos enfants, nos relations sentimentales, et nos relations amicales.
Nous nous sommes confinés pour sauver des vies par milliers, permettre aux hôpitaux d'éviter au mieux un cauchemar sanitaire et humain, aider médecins et personnel infirmier à la réussite de leur mission.
Nous nous sommes confinés pour avoir la possibilité d'une vie heureuse après le confinement.
Et notre état d'urgence à nous c'est donc de retrouver nos familles, notre travail dans de bonnes conditions, et notre envie de continuer à vivre le plus normalement possible.
Alors il faut oser la rencontre et les retrouvailles puisqu'il nous faudra bientôt vivre dans la cohue des transports publiques et la foule dans les rues. Retrouver aussi des collègues de travail qui seront à des distances plus ou moins réduites que celles préconisées et des clients par milliers sur la durée d'un mois qui mangeront et boiront sans masque dans notre restaurant.
Et comme je risque comme tout le monde d'être touché par le Covid-19 du moment que je renoue des liens physiques avec de très nombreuses personnes après sept semaines de confinent strictement complet, il faut que je consacre un peu de temps à ma famille, mes enfants et petits enfants que je n'ai plus revus en chair et en os depuis sept semaines au minimum.
Pardon si je ne fais plus super bien après 49 jours de solitude totale, Monsieur Berset et Monsieur Koch. Mais je ne me vois en aucun cas finir sur un lit d'hôpital avec un masque à oxygène sur le visage, mes enfants et petits enfants éloignés de leur papa, grand-papa, et sans aucun droit de visite parce qu'un autre ou une autre que ma famille m'aura transmis le corona dans les transports publiques ou au travail.
Mon état d'urgence est ailleurs. C'est d'abord ma famille, pour maintenant, et mon amoureuse, pour bientôt. Alors je me devais de lever mon état d'urgence personnel pour revenir à la normal auprès des miens qui m'ont accueilli les bras ouverts sans peur des bisous et des enlacements.
A la ferme, avec une de mes filles, son compagnon, leurs enfants.
Le petit Léo est né à la maison le 20 mars 2020.
Les couleurs de la liberté
20:37 | Lien permanent | Commentaires (0) |
Des offres formidables, des conditions détestables
Un nouvel eldorado, une nouvelle ruée vers l'or consumériste et touristique se prépare.
Pris à la gorge, le secteur touristique s'apprête à offrir les merveilles naturelles du monde à des prix bradés. Après les vols à bas coûts viennent les stations à prix cassé. Quand on a peur de mourir de faim on vendrait père et mère pour une bouchée de pain.
Le retour au travail pour beaucoup de monde risque d'être pire que le monde de hier. Non seulement touché-e-s par une baisse de 20% de leur salaire durant le confinement, les employé-e-s de la branche de l'hôtellerie-restauration risquent de subir de plein fouet des pressions inacceptables pour prolonger leur horaire de travail et accepter des baisses de salaire afin de satisfaire une clientèle touristique anémique friande d'obtenir des réductions extraordinaires sur les prix.
Et qui dit touristes dit généralement celles et ceux qui ont du pouvoir d'achat et qui vont continuer, pour la plupart d'entre eux, à profiter du télé-travail pour éviter un maximum les risques de contamination.
En Suisse, ce seront des risques d'abus de travail par milliers dans la branche touristique. A l'étranger, ce sera encore bien pire la plupart du temps. Les patrons offrant des conditions super avantageuses à leurs clients imposeront des conditions de travail d'enfer à leur personnel. "Et si tu n'es pas content, tu vas rejoindre la longue queue du chômage. J'ai 300 cuisiniers et 1'000 serveurs qui attendent pour prendre ta place."
Le déconfinement à la sauce Usam et UDC, leur discours infecte et infectieux, leur ignominie : " Vous les personnes du bas de classement de la grille des salaires vous travaillerez encore davantage comme des esclaves pour que nous les cols blancs et patrons profitions un maximum des avantages nécrophages de cette pandémie pour s'éclater à des prix formidables en laissant les risques de contamination à vous les plus pauvres et les plus exploités."
Non. Vraiment. Ces gens n'ont rien compris. Le monde de demain sera pire que le monde de hier pour beaucoup d'entre nous.
Avec de telles perspectives d'avenir, il est presque à souhaiter que Covid-19 s'introduise à nouveau chez les riches et les ruinent dans leur santé et dans leur porte-monnaie afin que ces arrogants perdent enfin de leur superbe vis-à-vis des couches sociales défavorisées.
Sekhmet n'a peut-être pas fini de semer la désolation sur Terre...
Les milliardaires et autres millionnaires nous préparent le plus effrayant des mondes à nous les travailleurs et travailleuses, les petites mains, les invisibles, comme ils osent nous appeler. Et il semble que nous soyons prêts à nous faire tondre et pucer par ces cyclopes qui nous mangeront davantage en attendant de se faire crever l'oeil qu'ils leur reste par des Ulysse populaires, des héros libres prêts à en payer le prix, n'en pouvant plus d'accepter la captation du trône par des prétendants odieux, injustes, imbus d'eux-mêmes.
L'été sera meurtrier par la faute de ces gens qui tentent de nous maintenir coûte que coûte dans leurs griffes assassines en nous envoyant au casse-pipe sanitaire planétaire. Des Trump, des Bolsonaro...et des ultra-libéraux de partout prêt à affaiblir la santé et le porte-monnaie des petites mains au nom de leur train de vie.
Ce n'est pas le monde que j'attendais après la peste brune des fascistes...
L'Invisible n'a pas de prix
03:41 | Lien permanent | Commentaires (0) |
02/05/2020
Un grand oublié du "Temps" : Christophe Keckeis
L'ancien commandant en chef de l'armée suisse, Christophe Keckeis est décédé.
En cette période de Covid-19, Christophe Keckeis, un homme au caractère entier, humaniste, proche des réalités du monde et ouvert sur celui-ci, très critique envers les leaders de l'UDC tels Ueli Maurer et Christoph Blocher, n'aura pas droit à des funérailles officielles.
Grand pilote militaire, Christophe Keckeis était supérieurement doué pour exercer ses métiers de pilotes et de haut-gradé de l'armée. Il savait prendre ses responsabilités et des décisions courageuses, critiquant au passage ouvertement quand il constatait que des décisions politiques ne lui semblaient pas adéquates. Ce qui lui valu des ennemis au sein de l'armée.
Désavoué sur la nécessité d'acquérir l'avion de combat "Gripen", il a été parfois perçu par la presse comme un homme se plaçant au-dessus des contraintes démocratiques, voir de tempérament dictatorial. Il avait son franc-parler, son caractère bien trempé, certes. Mais dictateur certainement pas. Comme tout militaire, il développait une vision assez dur mais aussi réaliste de la situation du monde. Je ne partageais pas sa tasse de thé avec lui au sujet de la nécessité de toute cette violence sur la Terre pour maintenir des positions géostratégiques. Cela faisait des dizaines d'années que je ne l'avais plus rencontré en tête à tête. Cependant, j'appréciais son regard sur le monde et sa façon de ne pas garder sa langue dans sa poche. Ses critiques fusaient comme des missiles et sentaient bon l'homme du terroir. Les journalistes ont eu droit à leur lot de salves keckeisiennes.
Est-ce pour cela que le journal "Le Temps", grand journal de référence romand, n'a pas mentionné, sauf mauvaise vision de ma part, sa disparition sur sa plate-forme numérique? Cela serait fort inconvenant et irrespectueux de la part de ce journal envers un homme qui a consacré sa vie à la carrière militaire et la défense de notre territoire.
A regarder sa réaction emprunte de grande tristesse lors de la défaite sur l'acquisition des Gripen. "Les conneries gigantesques" des journalistes resteront dans nos mémoires.https://www.rts.ch/play/radio/lagence/audio/christophe-ke...
Neuchâtel, sa terre d'adoption, se souviendra d'un homme qui avait la passion de l'excellence et du travail bien fait.
C'est avec tristesse que ma famille a appris sa mort hier soir.
A son épouse et sa famille, j'adresse ici mes pensées les plus émues. Christophe était un homme dont la Suisse peut regretter la disparition.
Exactement 20 ans après le décès de ma maman, souche de notre lien familial à Christophe, le pilote s'en est allé tutoyer les ailes du ciel.
Les ailes de la liberté
ne naissent jamais
sur les horreurs de la guerre;
elles grandissent dans le coeur
des femmes et des hommes
qui savent construire la paix
grâce à leur héroïsme
vécu au quotidien de leur vie.
08:43 | Lien permanent | Commentaires (0) |